Déconfiture..
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Non mais, qu'est-ce qu'ils s'imaginaient ?.. Que le 11 mai, le déconfinement serait comme le jour de la Libération de Paris avec ses foules hilares envahissant les rues, chantant La Marseillaise et s'embrassant à bouches perdues ? Ou comme celui de la fin de la prohibition aux Etats-Unis où l'alcool s'était remis à couler à flots engendrant des beuveries gigantesques, des bacchanales sur fond de charleston endiablé ?.. Ces insouciants sont tombés de haut en entendant le discours-programme du premier ministre fixant le scénario de l'épilogue du film "Un jour sans fin". Toutes les marmottes ne sortiront pas d'hibernation le même jour pour emballer le chocolat dans le papier mauve.
Il faut se faire une raison: ça ne sera pas "en mai fais ce qu'il te plait". Loin s'en faut. Le déconfinement sera différencié et sectorisé. L'activité "normale" reprendra d'abord dans les départements les moins infectés par le Covid. Il y aura des zones vertes et des zones rouges déterminées par les autorités locales. Avec une période d'essai de trois semaines. Si l'on assistait à une recrudescence de l'épidémie, un retour au confinement pourrait être imposé. Nous serons en liberté surveillée.
Notre rayon d'action autorisé passera de 1 à 100 km limité aux motifs professionnels et familiaux impérieux. Les rassemblements publics ou privés seront limités à dix personnes. L'activité sportive individuelle – vélo, course à pied, etc. – sera à nouveau possible en extérieur au-delà de la limite de 1 km. Les marchés pourront être rouverts ainsi que la plupart des commerces (cafés et restaurants exceptés), à condition d'organiser une limitation du nombre de clients, masqués par précaution. Les écoles maternelles et primaires seront réouvertes avec des classes limitées à 15 élèves nécessitant un turn-over. Les collèges reprendront le 18 mai. Les enseignants devront porter un masque.
Le télétravail devra se poursuivre partout où c'est possible. Les employeurs devront mettre en place les mesures de protection des salariés dans leurs locaux. Les horaires décalés sont encouragés, notamment pour décongestionner les transports en commun où le masque sera obligatoire. Seul un siège sur deux sera accessible et une limitation des flux devra être instituée si nécessaire. Aux heures de pointe, les transports pourraient être réservés aux personnes qui travaillent. La réservation sera obligatoire dans tous les trains, TGV ou non. Avec une offre toujours réduite.
Le gouvernement s'est fixé "l'objectif de réaliser au moins 700 000 tests virologiques par semaine au 11 mai". Ce chiffre correspond aux "1 000 à 3 000 nouveaux cas quotidiens" prévus par le conseil scientifique. Les personnes positives auront le choix entre s'isoler chez elles (ce qui place tout le foyer en quatorzaine) ou s'isoler dans un hôtel réquisitionné. L'objectif de cette stratégie est de "casser les chaînes de transmission". Il y aura des "contrôles s'ils devaient être nécessaires".
"Il y aura assez de masques dans le pays pour faire face aux besoins à partir du 11 mai", a promis le premier ministre. L'enjeu est de bien les distribuer pour éviter la pénurie. Ils le seront :
- par les entreprises pour leurs employés ;
- par les collectivités pour leur personnel ;
- par l'éducation nationale pour ses personnels et les élèves ;
- par les centres communaux d'action sociale (CCAS) et associations pour les publics vulnérables.
En outre, l'Etat prendra en charge 50 % du coût des commandes faites par les collectivités locales.
Toutes ces mesures se veulent pragmatiques et ont reçu l'aval du conseil scientifique. En les présentant à l'Assemblée nationale, mardi 28 avril, le premier ministre a expliqué: "Nous allons devoir vivre avec le virus, dès lors qu’aucun vaccin n’est disponible à court terme, qu’aucun traitement n’a, à ce jour, démontré son efficacité, et que nous sommes loin d’avoir atteint la fameuse immunité de groupe". Citant les résultats d’une modélisation de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP), il a rappelé que le confinement aurait permis d’éviter au moins 62 000 décès sur un mois.
Ce rappel devrait quelque peu faire rougir de honte ceux qui affirmaient comme Jean-Luc Mélenchon, le 30 mars: " Placer les Français dans une prison n'est pas une position durable. La question du déconfinement devrait se poser dès maintenant". Ce qui ne l'a pas empêché de déclarer à propos des mesures de déconfinement présentées par le premier ministre: "Je suis inquiet. Je souhaite que ça réussisse. Mais je suis obligé de dire aux gens qui m’écoutent: je n’y crois pas". "Faute d’un nombre de masques et de tests suffisants", il pronostique déjà "un deuxième pic inéluctable". Dédouanant au passage Edouard Philippe décrit en "bouc émissaire de confort de toutes sortes de gens", pour mieux cibler Emmanuel Macron et ses "injonctions odieuses". Et rejoint par Danièle Obono, déguisée en Carmen Miranda : "Edouard Philippe présente un déconfinement au 11 Mai hasardeux décidé au doigt mouillé par Macron, au lieu de planifier selon les besoins. Tout ça pour relancer la machine à profits et tant pis pour qui reprendra le travail sans protections suffisantes". Que voilà un raisonnement crypto-marxisant de haute volée ! Les chômeurs forcés apprécieront..
Réaction du même tonneau de la part d'Eric Ciotti parlant d’une "bérézina", d’un " juin 40 sanitaire". Le même qui soutenait mordicus le candidat François Fillon et ses projets d’amaigrissement de l’Etat. Côté Ramassis national on persiste dans le même mantra: "Rien n'est bon dans le Macron !". On frémit à l'idée que ces charognards aient pu se trouver au manettes lors d'une telle crise sanitaire et économique sans nulle autre pareille. Où il faut évaluer calmement la situation chaque jour en consultant des experts médicaux et prendre des décisions risquées. Fatalement contestées..
Edouard Philippe leur a répondu illico presto en fustigeant "les commentateurs confinés qui se répandent en critiques sur les réseaux pas très sociaux et colériques. Ceux qui prétendent savoir, à chaque étape de la crise, ce qu’il aurait convenu de faire. La modernité les a fait passer des cafés du commerce aux plateaux de télévision". Ce que tout spectateur attentif avait déjà pu remarquer.
Une fois encore, citons l'aphorisme de Cocteau: "De nos jours, la bêtise s'est mise à penser !.." Et elle tient absolument à le faire savoir !.. MB
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https://www.liberation.fr/politiques/2020/04/28/deconfines-ou-deconfits_1786745
Ah ben ça, c'est le pompon !..
Naples au baiser de feu..