Tyrannosaures.. - Le Pirelon

L'une des conséquences de cet épisode de pandémie sera, peut-être, d'ouvrir les yeux de certains peuples sur le véritable caractère des dirigeants qu'ils se sont choisis. Notamment des leaders populistes au pouvoir dans des pays à forte tradition démocratique. Ils ont souvent été élus en promettant tout et son contraire et en proposant des réponses simplistes à des situations complexes. Arguant du fameux "bon sens populaire" mais reportant les difficultés sur un ou des ennemis désignés, la plupart du temps fantasmagoriques. . Suscitant ainsi un bon nombre d'antagonismes nationaux ou internationaux.

On les trouve sur tous les continents: Asie, Amérique, Europe. Certains ont hérité d'une dictature et la font prospérer à leur avantage: Chine, Viet-nam, Cuba, tous trois chantres de la "dictature du prolétariat", du parti unique et de la liberté de parole réduite aux acquets. D'autres sont issus d'élections plus ou moins libres mais se comportent en autocrates: Russie, Inde, Iran, Turquie etc. Ils s'approprient tous les pouvoirs, s'entourent d'oligarques qui s'accaparent toutes les richesses du pays, musèlent leurs opinions et maltraitent les minorités ethniques, sexuelles et religieuses.

Malheureusement, ces dix dernières années ont vu aussi s'installer au pouvoir des démagogues patentés dans les vielles démocraties. Exemple: Boris Johnson au Royaume-Uni. Il a été élu suite à l'imbroglio créé par le Brexit qu'il avait soutenu par opportunisme en menant une campagne grossièrement mensongère. Son seul souci étant de faire chuter ses rivaux James Cameron et Thérésa May afin de réaliser son rêve: devenir premier ministre. Le destin a mis sur sa route un adversaire bien plus coriace: le Covid 19. Dans un premier temps, il a nié l'impact de l'épidémie et multiplié les imprudences. Résultat: il a failli succomber à la pandémie et suscité de vives critiques ironiques. Convalescent, Bojo le clown a perdu de sa superbe arrogance. N'est pas Churchill qui veut y dire..

Outre-Atlantique, Donald Trump, son alter ego à la crinière orangée, a suivi la même démarche. Persuadé que le "virus chinois" ne toucherait pas son pays, il a refusé, dans un premier temps de prendre les mesures nécessaires. Puis, il a dû admettre la réalité de la propagation du virus et se plier aux injonctions des experts médicaux. Tout en ne décourageant pas certains de ses supporters à braver l'obligation de se confiner. Au nom de la libre entreprise. Mais surtout par crainte que la grave crise économique qui s'en suit (25 millions de chômeurs déclarés !) ne compromette ses chances d'être réélu. Ce qui serait pour beaucoup le meilleur effet paradoxal de cette pandémie.

En attendant, pour l'instant, les Américains doivent subir ses interventions médiatiques quotidiennes où il s'est institué grand sorcier du coronavirus. Délivrant ses vantardises assorties de prescriptions hasardeuses. Ainsi, ces jours-ci, où commentant une étude scientifique supputant la fragilité du virus soumis à la chaleur du soleil, il a suggéré d'exposer les patients aux rayons ultra-violets "à l'intérieur du corps" ou "à travers la peau". Pire encore: apprenant que l'eau de Javel ou un désinfectant peut tuer le virus, il s'est interrogé: "Y a-t-il un moyen de faire quelque chose comme ça par injection à l’intérieur ?". Devant l'air effaré de ses conseillers médicaux, il s'est rétracté plus tard en assurant s'être exprimé de façon "sarcastique". A la suite de quoi, c'est Ubu roi qui a subi les sarcasmes de la communauté scientifique et de la plupart des commentateurs politiques. Cet épisode surréaliste désillera t-il les yeux de ceux qui l'ont soutenu aveuglément jusqu'ici ?..

Dans l'hémisphère Sud, au Brésil, le troisième larron Bolsonaro fait montre de la même inconstance et de la même incompétence. Lui aussi a nié longtemps la réalité de l'épidémie et multiplié les provocations en s'adonnant aux bains de foule et aux embrassades. Devant la progression meurtrière du virus, il a fini par la prendre au sérieux et s'affiche masqué dans ses interventions où il persiste dans ses rodomontades. Néanmoins, il vient de limoger son ministre de la santé favorable au confinement, contrairement à lui. Il a aussi démis de ses fonctions le chef de la police fédérale proche du ministre de la justice Sergio Moro qui, par contrecoup, a démissionné en invoquant l'"ingérence politique" du président dans les affaires judiciaires. Ce que ce dernier a nié. Malgré ce démenti, le procureur-général a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête sur les accusations de M. Moro qui, selon certains, pourraient motiver une destitution du chef de l'Etat. Ce qui constituerait une revanche morale pour l'ex-président Lula condamné pour les mêmes motifs.

Ainsi, le vent semble avoir tourné pour ces autocrates qui se voulaient infaillibles. Même affaiblis par la crise économique, Poutine et Xi Jinping ne sont pas près de passer la main. Ils ont fait modifier leurs textes constitutionnels à cet effet et tiennent la bride serrée au peuple. En revanche, là où les élections sont à peu près libres, les dirigeants fantoches ont peut-être du souci à se faire si une partie de leur opinion désenchantée les fait tomber de leur piédestal aux prochaines échéances.

Arrive un jour où tout le monde s'aperçoit que le roi est nu. Et sa parole nulle et non-avenue.. MB

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