Traquenard..
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Alors, où en est-on ? Où en sommes nous du psychodrame qui agite la France depuis plus d'un mois ? Comment évolue le mouvement social qui se dresse contre le projet gouvernemental de réforme des retraites ? Comment le pouvoir appréhende t-il et gère t-il ce dernier ? Quelle est la réalité du rapport de force derrière les postures, les faux-semblants et les imprécations ? Comment démêler le vrai du faux parmi les approximations, les exagérations et les contre-vérités ? Tout cela sert-il seulement de prétexte à des jeux de pouvoir ? Quelques questions parmi d'autres à élucider. Essayons d'y voir plus clair..
Tout d'abord, on peut dire qu'en un mois rien n'a changé. Jusqu'ici, le gouvernement s'en est tenu à sa feuille de route énoncée par le premier ministre le 11 décembre dernier. Avec pour but avoué: "redonner de la vraie solidarité là où dans les faits, le corporatisme l'avait emporté". En face, les syndicats CGT, FO, CFE-CGC, Sud-Solidaires maintiennent leur rejet de cette réforme, arguant de son inutilité et d'une dérive libérale actant l'individualisation des carrières et la régression sociale..
Ce jugement de valeurs n'est pas partagé par les syndicats "réformistes", CFDT, CFTC, Unsa, qui approuvent le principe du système universel mettant fin aux régimes spéciaux inégalitaires mais désapprouvent la mesure d'"âge-pivot" censée assurer l'équilibre financier des caisses de retraite. Cette mesure "paramétrique" était devenue un casus belli entre Laurent Berger, leader de la CFDT, et le premier ministre Edouard Philippe qui ne voulait pas en démordre. D'où l'épreuve de force. Et le blocage des négociations qui perdurait. Otant tout espoir d'une sortie de crise imminente.
Or, le premier ministre vient d'annoncer qu'il cède à cette revendication et qu'il renonce à l'exigence d'une mesure d'âge immédiate. Néanmoins, elle devrait s'appliquer lors de l'entrée en vigueur complète de la nouvelle loi sur les retraites en 2037. D'ici là, il avalise la proposition de la CFDT d'instituer une "conférence sur l’équilibre et le financement du système de retraite" à laquelle les partenaires sociaux sont invités à participer. Elle aura pour mission d’arrêter "les mesures permettant d’atteindre l’équilibre financier en 2027 dans le cadre des projections du Conseil d’orientations des retraites". Sans entraîner ni baisse des pensions ni nouvelle hausse des cotisations. Dans le cas où les syndicats n'arriveraient pas à résoudre cette quadrature du cercle, d'ici avril, le gouvernement se fait fort de rétablir la mesure d'âge "d'équilibre" dans le futur texte de loi.
A première vue, on pourrait penser qu'Edouard Philippe cède à l'exigence de Laurent Berger. Mais on peut aussi considérer qu'en lui refilant le mistigri assorti de fortes contraintes, il organise une sorte de traquenard où il y aurait tout à perdre si la concertation échouait. Le premier ministre délègue la recherche d'une solution mais veut garder la main sur la décision finale. Il est à craindre que dans son esprit ce n'est que partie remise. Sa tactique consistant à donner du mou dans la corde mais à rester premier de cordée. Ou maître du jeu dans cette partie de poker menteur..
Il n'empêche qu'en s'arcboutant sur la mesure d'âge-pivot, le premier ministre a introduit de la confusion dans le débat sur le projet initial qui se voit dénaturé. Il n'a plus d'universel que le nom. Le gouvernement ayant dû céder aux corporatismes et, de fait, pérenniser les fameux "régimes spéciaux" qui devaient être fondus dans le tronc commun du régime universel. L'opinion perçoit que l'Etat continuera par son budget à combler le déficit structurel de ces régimes spéciaux alors que la majorité des salariés devront travailler plus longtemps pour garantir leur propre retraite.
Fallait-il que tout change pour que tout continue comme avant ? Le vieux monde résiste bien.. MB
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Un des arguments phares avancés par le pouvoir pour promouvoir sa réforme des retraites concerne les retraités modestes qui devraient tous toucher 1000 € mensuels. Prenons en pitié l'un d'entre eux, Carlos Ghosn, qui vient d'assigner son ancien employeur Renault. La firme automobile refuse de lui verser sa retraite-chapeau annuelle de 770 000 €. Au prétexte qu'il a démissionné de son poste lors de sa détention japonaise. Perdant aussi ses droits sur 380 000 actions, dont la valeur est estimée à environ 15,5 millions d'euros au cours actuel du titre Renault. C'est trop injuste !..
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LA LUTTE > L'HOMOPHOBIE|Jean-Luc Mélenchon a défendu hier trois chauffeurs RATP grévistes convoqués par leur direction pour avoir traité un collègue non-gréviste de «suceur de bites», «enculé» et «sale pédé». Rien de très grave, selon le leader de LFI. «On est n'est pas dans un salon de thé. On est dans la lutte, on n'est pas dans un gala quoi !», a-t-il déclaré auprès de RTL, jurant que les convoqués "ne sont pas homophobes". Las, Mélenchon décrit ces insultes comme «des injures que les Français manient tous les jours», «de la vanne». Il estime que cette affaire n'a qu'un but : discréditer la lutte contre la réforme des retraites. Ben, voyons !..
Et le n°2 de LFI, Adrien Quatennens, a parfaitement résumé la position officielle de son mouvement sur cette affaire, ce matin sur France info. Le député du Nord a expliqué : 1) que ces insultes sont dans les paroles de La fuite, chanson «d’un rappeur, Vegedream, qui d’ailleurs a été emmené dans le voyage présidentiel en Côte d’Ivoire avec Emmanuel Macron» ; 2) qu’on assiste à «une tentation de réprimer le mouvement syndical» et de «folkloriser» les grévistes ; 3) que Mélenchon était venu «soutenir les grévistes mis en cause pour les blocages d’abord et avant tout» ; 4) qu'il n'y a donc «pas besoin de fausses polémiques sur le sujet» ; mais quand même 5) que «ça n’est pas normal» de parler ainsi et que «s'il y a des propos homophobes qui ont été tenus, [il] les condamne» car «personne ne peut soutenir quiconque se laisse aller à des insultes homophobes». Sauf dans ce cas précis, donc.
Commentaire: Sûr que les électeurs LGBT ou gay friendly de "La France insoumise" auront apprécié cette saillie mélenchonienne ajoutant les poncifs homophobes ("On n'est pas dans un salon de thé. On n'est pas dans un gala, quoi !..") au complotisme victimaire et à la mauvaise foi la plus évidente.
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Dans la même veine, la gauche anticapitaliste revendiquée saura goûter l'ironie de la situation en entendant Carlos Ghosn rendre hommage à Jean-Luc Mélenchon pour son soutien confraternel après sa cavale à la Edmond Dantès où l'ex-patron s'est fait la malle pour fuir les geôles du Japon.
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https://www.nouvelobs.com/social/20200111.OBS23343/retirer-l-age-pivot-ce-n-est-pas-suffisant.html
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