Poisons d'avril..

  • lepirelon

Au rayon farces et attrapes du 1° Avril, on a appris que Marlène Schiappa allait faire la couverture du "magazine de charme" Playboy et y illustrer ses propos de quelques photos pour le moins inattendues. Après l'interview d'Emmanuel Macron dans le journal pour enfants Pif le chien, voilà qui ne manque pas de mordant. La surprise passée, nous n'en ferons pas ici des gorges chaudes même si l'on pourrait souligner l'incongruité de la démarche pour une féministe revendiquée. A une époque soumise à la confusion des idées, peut on encore s'en étonner ?

 

Plus sérieusement, si le printemps est là, l'atmosphère sociale et politique du pays reste sombre et pesante. On en est à la 12° journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites. Le gouvernement et l'intersyndicale entretiennent un dialogue de sourds. Aucun des deux ne veut transiger. Le premier met en avant la légalité constitutionnelle de sa réforme acquise par un vote bloqué grâce à l'article 49-3. Face à une motion de censure des opposions repoussée à neuf voix près de la majorité. Les syndicats unis justifient leur action revendicatrice par le rejet massif de la mesure d'âge de la retraite à 64 ans, tel qu'exprimé dans les sondages et les vastes mobilisations . En attendant la prochaine décision du Conseil constitutionnel qui pourrait éclaircir la situation ?. .

 

Sur le fond de l'affaire, nous avons déjà pu considérer qu'il s'agit là d'un jeu de dupes. En effet, l'essentiel de la réforme repose sur le nombres d'années de cotisations. Etant acquis qu'elle ne concerne que les salariés ayant commencé à travailler après 21 ans. Ce qui, admettons-le, s'applique à la majorité des Français. Ceux ayant débuté leur carrière avant cet âge pourront partir plus tôt, après avoir cotisé 43 années (réforme Touraine). Pourquoi compliquer ce qui paraît simple ?..  Cela dit, chacun peut avoir son opinion sur le sujet, approuver ou désapprouver cette réforme . .

 

Par ailleurs, la réforme prévoit une "clause de revoyure" en 2027. Au moment où l'âge progressif de départ en retraite atteindra 63 ans. Ce qui correspond déjà, aujourd'hui, à l'âge moyen de cessation d'activité. Or, on sait qu'en 2027 se tiendront les prochaines élections présidentielle et législatives. Nul doute que durant la campagne électorale, le sujet reviendra sur la table. Chaque camp exposera son programme à ce sujet. Du plus "réaliste" au plus démago. On mettra de nouveau en avant le fameux ratio cotisants/retraités tenant compte de la démographie et de l'espérance de vie. Actuellement, en moyenne: 80 ans pour les hommes et 86 ans pour les femmes. Sans parler des centenaires qui seraient 30000 (+15% par an) dont 86 % de femmes, selon l'Insee. Record d'Europe.

 

Hormis cela, l'opposition à cette réforme est révélatrice d'un nouvel état d'esprit face à "la valeur travail". Longtemps considéré comme source d'épanouissement, de liberté et d'autonomie (notamment pour les femmes), beaucoup le ressentent aujourd'hui comme une contrainte: pression des horaires, des cadences, de la hiérarchie. Avec un manque de dialogue intrasocial et de valorisation. Sans pour autant revendiquer le célèbre "droit à la paresse" cher à Sandrine Rousseau. Il faudrait redéfinir ce rapport au travail lors d'Etats généraux ou de Conventions citoyennes favorisant la prise de parole de tous les acteurs concernés. Et rétablir un climat de confiance basé sur le respect.

 

Pour le reste, ces circonstances ont été facteurs d'une poursuite de la décomposition des forces politiques. Outre la Macronie qui n'a pu trouver d'alliés fiables pour soutenir ses projets et dû en passer par le vote bloqué, la droite parlementaire s'est éparpillée façon puzzle. Chez les Rrrépublicains, on compte les morts - ou plutôt les frondeurs dont le premier d'entre eux, Aurélien Pradié, vient d'être limogé de son poste de n°2. A gauche, la Nupes est déjà en état de mort cérébrale, quoi qu'elle en dise. L'hégémonie mélenchonienne est contestée, même chez certains Z'insoumis. Fabien Roussel, patron du Parti communiste affirme que la Nupes est dépassée. Oui mais par qui ?.

 

En tout cas, pas par la direction du Parti socialiste qui vient de subir un échec cuisant lors d'une élection législative partielle en Ariège. C'est une socialiste dissidente, critique de la Nupes et de son alliance "contre nature", qui a gagné la circonscription contre l'insoumise Bénédicte Taurine, fidèle parmi les fidèles de Jean-Luc Mélenchon qui n'a pas manqué d'éructer sa rage envers cette avanie. Sans framboise. 

 

Côté écolos, on verse dans le binaire: on s'en prend vigoureusement aux "violences policières" à Sainte Soline, lors de la manif interdite contre la méga-bassine construite pour l'irrigation des cultures en été. Tout en feignant d'ignorer et en minimisant le rôle des "manifestants" venus, pour certains de toute l'Europe avec armes et bagages, afin d'en découdre contre les forces de l'ordre .    "Zadisme" ou "écoterrorisme", comme dirait Gérald Darmanin, en peine de doux euphémismes ?..

 

Résultat des courses: le Ramassis national qui s'était inscrit aux abonnés absents durant toute la séquence, voit sa côte progresser dans les derniers sondages. Leur daronne y gagne huit points de satisfaction et se verrait l'emporter si une élection présidentielle avait lieu prochainement. Bingo !..

 

Il est plus que largement temps de rechercher puis d'administrer en urgence un contre-poison.. MB

 

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15.04.23: Finalement, l'essentiel du texte de la réforme des retraites a été validé par le Conseil constitutionnel et promulgué dans la foulée. Du côté de l’intersyndicale, on ne s’avoue pas vaincu pour autant. Celle-ci a fait part de sa détermination à poursuivre le combat contre le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Souhaitant transformer le 1°mai en "journée de mobilisation exceptionnelle et populaire" contre le cœur de la réforme, la retraite à 64 ans. Baroud d'honneur ?..

 

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Adrien Quatennens, condamné pour violences envers sa compagne, a été réintégré dans le groupe parlementaire des Z'insoumis, par un vote interne. Faut-il rappeler la règle sévère formulée par leur gourou en 2017: "Quiconque est condamné une seule fois est inéligible à vie" ? Dans la série: "Faites ce que je dis mais pas ce que je fais.."

 

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ÉDITORIAL N’est pas Marianne qui veut   Flore Galaud

 

 

«Indigne », « choquant », « inapproprié », « on touche le fond »... Depuis plusieurs jours, les critiques pleuvent à l’encontre de Marlène Schiappa. La secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire est vilipendée pour s’afficher en Une de la célèbre revue dite « masculine », « Playboy ». Frous-frous, cocarde tricolore, robe blanche vaporeuse… L’allusion, grossière, à Marianne, symbole de la République française et de ses valeurs, ne peut qu’interpeller. Jusqu’à se demander : qui diable a pu valider une telle communication disruptive ? Outre l’accoutrement, le choix du magazine, lui aussi, laisse pantois. Parler des droits des femmes sur 12 pages dans une revue qui ne les a jamais respectés, et à l’historique plutôt sordide – rappelez-vous de son fondateur Hugh Hefner, accusé d’agressions sexuelles –, il fallait oser.

 

Autre audace, celle d’incarner les droits des femmes, alors même que le portefeuille a été attribué à une autre, Isabelle Rome, en poste depuis mai 2022. Belle sororité. Effronterie, enfin, de poser en Marianne immaculée alors que des confrères publiaient, le 29 mars dernier, une enquête concernant l’attribution jugée opaque du Fonds destiné à lutter contre le séparatisme sur Internet. Ce dispositif, lancé par Marlène Schiappa elle-même, en 2020, juste après l’assassinat de Samuel Paty, et baptisé… « Marianne ». Plus c’est gros, plus ça passe ?

 

À peine remis de l’interview du président de la République à « Pif Magazine », en pleine polémique sur la réforme des retraites et les méga-bassines, voilà donc les Français contraints, en plus, d’accuser le coup d’une Marlène Schiappa enrubannée sur papier glacé. Une symbolique que personne ne saurait donc apprécier, sauf Gérald Darmanin. Sur les plateaux de télévision, le ministre de l’Intérieur est venu, à sa façon, à la rescousse de sa collègue : « Vous ne me ferez pas dire du mal de Marlène Schiappa (...) être une femme libérée, c’est pas si facile. » Citer du Cookie Dingler, groupe de musique désuet des années 1980, en guise d’argumentaire politique, décidément rien ne nous sera épargné. Et sinon, on peut revenir aux vrais sujets ?

 

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                                                                   Dessins d'Urbs pour Sud-Ouest

 

                                                                 Dessins de Coco pour Libération

                                                              Dessin de Juin pour Charlie Hebdo

 

 

 

                                                       Dessins de Biche pour Charlie Hebdo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                   Marlène dits et triches ?..

 

 

 

 

 

 

                                           Du vent dans les bronches de "ça, ça l'f'ra !.."

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