Mutineries..

  • lepirelon

Et bien voilà, nous y sommes !.. Le couperet est tombé. En décidant de faire passer à l'Assemblée nationale le texte de la réforme des retraites sous le joug de l'article 49-3 et le vote bloqué, le gouvernement a choisi de siffler la fin de la partie qui s'annonçait périlleuse pour lui. En y recourant, il a voulu mettre fin au marchandage des voix qui lui auraient manqué pour obtenir une majorité prête à voter son projet de loi. Le pari était risqué au vu des atermoiements de certains députés LR.

Seul , le vote d'une motion de censure émanant de l'opposition pourrait contrarier ce procédé législatif et remettre le compteur à zéro. Mais à quel prix ?..

 

Faut-il rappeler le fond de l'affaire ? Dans son programme électoral de 2022, Emmanuel Macron avait annoncé sa volonté de présenter une nouvelle réforme des retraites basée sur le report de l'âge de départ à 65 ans avec des exceptions, notamment pour certaines catégories de métiers :

les célèbres régimes spéciaux dont les nouveaux salariés devraient progressivement rejoindre le régime général. Tout en conservant leurs acquis pour les actuels cotisants qui bénéficieraient de leur ancien statut ad vitam. La fameuse "clause du grand-père". Compensée par le budget de l'Etat. La finalité de la réforme étant, malgré tout, d'équilibrer les comptes futurs des caisses de retraite . .

 

Ce nouveau texte venait remplacer le projet de réforme avorté de 2019/2020 qui prévoyait tout autre chose. Il maintenait l'âge de départ en retraite à 62 ans mais supprimait les régimes spéciaux et tenait compte uniquement du nombre d'années de cotisation. Un Euro cotisé donnant les mêmes droits à tous. Chacun possédant son compte individualisé. On parlait alors d'une réforme "systémique", une réforme de fond. Par opposition aux anciennes réformes "paramétriques" jouant sur le curseur de l'âge de départ en retraite ou de l'augmentation des cotisations salariales. 

 

A l'époque, cette réforme inspirée du modèle suédois était soutenue par la Cfdt qui la préconisait depuis longtemps. Malheureusement, une incompréhension certaine entre Laurent Berger, son leader, et Emmanuel Macron l'avait handicapée. Mais surtout, l'opposition "systémique" des "durs" de la CGT en avait eu raison. Il  n'était pas question pour eux de céder sur leurs régimes spéciaux. . Ajoutons que l'ajout intempestif de la mention d'un âge limite de départ en retraite à 64 ans par Edouard Philippe, alors premier ministre, avait mis le feu aux poudres. Déjà voté grâce au 49-3, l'arrivée du Covid avait fait tomber le texte de loi aux oubliettes. Une sacrée belle occasion manquée ? 

 

En revenant aux bonnes vieilles recettes d'antan, le texte actuel ne peut que mécontenter tout le monde. Malgré des aménagements, il oblige beaucoup à travailler plus longtemps. Même s'il ne concerne que ceux ayant débuté leur carrière après l'âge de 21 ans. Si l'on compte bien: 21+43=64. Le nombre d'années de cotisation reste donc primordial. Sauf pour les bénéficiaires des régimes spéciaux préservés par "la clause du grand-père" qui continueront à travailler 5 à 10 ans de moins. On peut dire que la victoire syndicale est acquise. Tout cela justifie t-il le Big Bazar annoncé ?..  MB

 

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Une fois de plus, le spectacle donné à l'Assemblée nationale aura dépassé toutes les bornes (!) ..  Notamment le charivari orchestré par les Z'insoumis brandissant des pancartes revendicatives et chantant à tue-tête. En infraction au règlement interne. Face à cette mutinerie parlementaire, annonciatrice d'autres désordres à l'extérieur, on peut aisément deviner à qui profite le crime . .

 

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En tout cas, on sait qui sort grand perdant de cette séquence parlementaire: les Rrrrépublicains qui ont explosé en vol, incapables de suivre la consigne de leurs dirigeants. Là aussi, une vingtaine de mutins dont l'ineffable Aurélien Pradié, dit "Moi je, moi je..", ont laissé planer le doute sur leur vote qui aurait dû avaliser leur programme prônant depuis belle lurette un départ à la retraite à 65 ans..

 

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Finalement, la motion de censure présentée par le mini-groupe LIOT et son président l'ultra conservateur Charles de Courson a échoué à 9 voix près de la majorité. Cet attelage fait de bric et de broc a vu cohabiter le Ramassis national, les Z'insoumis, une vingtaine de Rrrrépublicains et les députés PS, PCF et EELV. Une alternative crédible ? Auberge espagnole ou radeau de la Méduse ?..

 

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ÉDITORIAL L’hubris, la carpe et le lapin par Jefferson Desport - 24.03.23

 

 

En choisissant de s’exprimer la veille d’une nouvelle journée de mobilisation – la neuvième – Emmanuel Macron prenait le risque d’offrir un surcroît de motivation chez ses adversaires. Résultat, avec une affluence en net rebond dans les cortèges, un constat s’impose : les propos du chef de l’État, mercredi dans les JT de 13 heures de TF1 et France 2, n’ont rien apaisé. Faut-il s’en étonner ? Non. En affichant sa détermination à maintenir le recul de l’âge de 62 à 64 ans, il a renforcé l’idée d’un président sourd à la colère.

 

À cet égard, résonnent aujourd’hui les avertissements que formulait en septembre 2018, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, sur le risque d’ « hubris », l’aveuglement en grec. Que disait-il alors pour expliquer la baisse de popularité du chef de l’État, un an après son entrée à l’Élysée ? « Les dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre, donc, il ne faut pas que nous soyons dans la cécité. » L’ancien maire de Lyon cherchait à mettre en garde contre l’arrogance jupitérienne. « Il faut plus d’écoute de la base », insistait-il. Cinq ans plus tard, c’est bien cet « hubris » que dénoncent les adversaires d’Emmanuel Macron

 

Mais en regardant plus au large, que voit-on ? Une coalition d’intérêts contraires. Rejetée à 9 voix près, cette motion de censure a quand même offert un spectacle savoureux. Qui aurait imaginé que des députés de droite osent mêler leurs voix à celles des socialistes, des écologistes, des communistes et des insoumis ? Qui aurait imaginé que des députés de gauche applaudissent et se félicitent de voir les députés du Rassemblement national, Marine Le Pen en tête, se joindre à eux, dans l’espoir de renverser Élisabeth Borne ? C’est un fait : cette motion de censure a dépassé les clivages. Et en cela, c’est une ironique réappropriation des fondements même du macronisme.

 

Cependant, qui peut croire que ce « en même temps » ait un quelconque avenir ? Qui peut croire que des insoumis s’entendraient avec le Rassemblement national sur – au hasard – une loi immigration ? Ou, au hasard encore, sur l’aide médicale d’urgence ? Qui peut croire que des écologistes voteraient avec la droite sur le développement du nucléaire ? Personne. Si tous cherchent à capter cette colère, invitant les salariés à tenir la rue, c’est d’abord dans la perspective de 2027. Une échéance à laquelle ne concourra pas le locataire de l’Élysée. À sa détermination s’oppose un écran de fumée où les pseudo-mariés du soir seront les divorcés du petit matin. Certes, les carpes et les lapins font rarement bon ménage. Mais, si Emmanuel Macron se veut le garant des institutions, il se doit aussi d’être celui de la concorde sociale.

 

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                                 Paris, la poubelle ville du monde !.. (Dessin de Louison pour Slate)

 

 

 

 

 

                                                           

                                                          

                                                               Dessins d'Urbs pour Sud-Ouest

 

                                                             Dessins de Biche pour Charlie Hebdo

                                                             Dessin de Juin pour Charlie Hebdo

                                                              Dessin d'Udine pour Charlie Hebdo

 

 

 

 

 

 

 

                                                           Dessin de Feliz pour Charlie Hebdo

 

 

 

 

 

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