Des clics et des claques..

  • lepirelon

Certains disent: "Cela devait arriver !". D'autres: "Bien fait pour sa gueule !". Heureusement, la majorité des Français paraît s'indigner à la vue de la vidéo montrant un énergumène tentant de gifler Emmanuel Macron lors de sa tournée provinciale dans la Drôme. Comprenant qu'à travers l'homme c'est un symbole de la République qui est bafoué. Donc aussi de la démocratie. L'homme peut être contesté mais il a été élu par une majorité de Français pour incarner la fonction présidentielle. Clé de voûte de nos institutions démocratiques. Ne pas l'admettre, c'est sombrer dans le délire anarchisant. .

 

L'anarchie, justement, c'est ce dont semble se réclamer l'agresseur du président. Il serait aussi un adepte des arts martiaux historiques européens, des formes de combat tombées dans l’oubli, d’après un profil Instragram à son nom où il apparaît en costume médiéval. Il est également pratiquant de kendo, un art martial japonais utilisant un sabre. . Il semble aussi qu’il s’informe via des acteurs importants de la fachosphère. Au-delà de l’hebdomadaire réactionnaire Valeurs actuelles, Libération a ainsi repéré des abonnements au YouTubeur d’extrême droite “Papacito”, ou à des comptes proches du RN et de l’ancien groupuscule Génération identitaire, tels que les “féministes” de Nemesis, le rappeur suprémaciste Kroc Blanc et les identitaires de La Cocarde. Charmant !..

 

Son attaque n'avait rien de spontanée mais apparaît comme préméditée puisqu'un complice devait filmer la scène pour la diffuser ensuite sur les réseaux sociaux. Tous deux proches des "gilets jaunes" venaient auparavant de participer à un rassemblement qui se déroulait à Valence en marge du déplacement d’Emmanuel  Macron, comprenant des militants d’ultra-gauche, des agriculteurs et des gilets jaunes, qui voulaient se faire entendre du chef de l’État. Après avoir été repoussés par les forces de l’ordre jusqu’à la commune voisine de Tain-L’Hermitage, c’est là qu’ils auraient attendu Emmanuel Macron postés derrière les barrières et que la gifle aurait eu lieu. Préméditée ?..

 

Ceux qui le connaissent dans son village avouent tomber des nues et décrivent "un gamin sans histoire" qui n'a jamais montré d'opinion politique. Vivant de petites missions d’intérim après avoir entamé, sans les achever, des études de thanatopraxie (terme qui désigne l'art, la science ou les techniques permettant de préserver les corps de défunts humains de la décomposition naturelle et de les présenter avec l'apparence de la vie pour les funérailles). Une vocation de croque-mort ? .  Il n'y a pas de sots métiers.

 

L'un de ses amis explique son geste par des rancœurs contre un discours d’Emmanuel Macron, en 2017, sur la diversité de la culture française, par les difficultés ”à joindre les deux bouts", par le “gros ras-le-bol” face à un président “qui ne nous écoute pas”. “Ces gens-là, ça fait des années qu’ils n’ont pas voté” conclut-il. Quant au cri de guerre royaliste “Montjoie Saint Denis !”, exclamation fréquemment reprise par l’extrême droite, ainsi que ”À bas la Macronie”, pour lui, il ne faut pas y voir une référence royaliste mais plutôt une allusion au film “Les Visiteurs”: en bon “médiéviste”, il aurait pu tout aussi bien lancer une réplique de la série télévisée “Kaamelott”. Camelote faisandée ? Jeu de rôle infantile ?..

 

Quoi qu'il en soit, on ne peut que constater, une fois encore, les dérives engendrées par certains réseaux sociaux ou sites internet favorisant le complotisme et le conspirationnisme. Et cultivant la culture du passage à l'acte pour des esprits simples dénués du principe de réalité. "Depuis des années, la violence monte à l’encontre des élus de la République, qu’ils soient maires, députés ou sénateurs, et des membres de l’exécutif. Violence verbale et violence physique, attisées par le carburant des réseaux sociaux. Il en résulte une radicalisation du climat politique et un appauvrissement du débat public, deux poisons pour la République", décrit l'éditorial du Monde. .

 

Heureusement, l'ensemble de la classe politique est au diapason pour dénoncer cette violence faite au chef de l'Etat. A l'exception de Dupont-Gnangnan qui suggère qu'il l'a bien cherchée. Sinon on aura noté la réaction laconique de Jean-Luc Mélenchon exprimant sa solidarité avec le Président tout en ne résistant pas à la tentation du: "Je vous l'avais bien dit !": "Cette fois-ci vous commencez à comprendre que les violents passent à l'acte ?". Contrairement à Marine Le Pen qui a simplement jugé “inadmissible de s’attaquer à des responsables politiques mais plus encore au Président de la République parce qu’il est le président. On peut le combattre politiquement mais on ne peut pas se permettre d’avoir à son égard le moindre geste, la moindre violence. Je considère que ce comportement est inadmissible et profondément condamnable dans une démocratie”. Point final.   

Plus légaliste que moi, tu meurs !..  Surtout, ne pas insulter l'avenir..

 

Dans un entretien au "Dauphiné", Emmanuel Macron a voulu "relativiser" cette gifle, dénonçant des "faits isolés", commis par "des individus ultraviolents" qui ne doivent pas, selon lui, "prendre possession du débat public. Je ne voudrais pas que des individus isolés ou des gens qui vont vers les extrêmes puissent, en quelque sorte, faire oublier le reste", a-t-il ajouté, ajoutant que ce type d’agression ne l’arrêterait pas. Bien. Mais c'est, néanmoins, un signe de malaise dans la civilisation. Auquel il faudra remédier sans tarder. Faute de quoi, la violence sociétale se perpétuera ad lib.. 

Et les politiques hésiteront de plus en plus à se mettre "à portée d'engueulade" ou de baffe.. MB

 

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

10.06.21: Lors de son audience au tribunal correctionnel de Valence, Damien Tarel a revendiqué son geste, déclarant: "Je me suis senti investi par ce que représentent les “gilets jaunes” exclus juste avant et dont la voix ne pouvait pas être entendue, et par le peuple français en général". Face aux questions de la Présidente du tribunal, il s'est expliqué, exprimant son "dégoût" pour Emmanuel Macron, qui "représente très bien la déchéance de notre pays". Mais qui représente surtout l’institution présidentielle et la démocratie française, lui fait remarquer l’un des assesseurs.

 

"Je ne voudrais pas faire le procès de notre démocratie mais je ne trouve pas qu’il ait été élu par l’ensemble de la population française". Remarque qui nie le principe même de la démocratie élective. Revenant sur les circonstances de son geste, il affirme: "J’ai vu son regard tout à fait sympathique et menteur qui voulait faire de moi un potentiel électeur, j’ai été empli de dégoût. Ma réaction était un petit peu impulsive et violente mais je pense que des paroles auraient eu moins d’impact, à la fois sur Emmanuel Macron et à la fois sur tous les “gilets jaunes” et les patriotes". 

 

Après cet interrogatoire, le procureur a résumé sa déposition en disant: "La pensée de M. Tarel, on y met à peu près tout : des “gilets jaunes”, du patriotisme, des idées identitaires, des arts médiévaux, des réflexions un peu conspirationnistes ou révisionnistes… On écoute avec beaucoup de perplexité ce qu’il nous raconte. Moi, je n’ai pas compris grand-chose". Son avocate l'a présenté comme quelqu'un de "parfaitement normal". C'est un point de vue qui avalise sa violence assumée.

 

Verdict: dix-huit mois de prison dont quatre mois ferme pour violences volontaires sans incapacité sur personne dépositaire de l’autorité publique.  Les quatorze mois restants sont assortis d’un sursis probatoire de deux ans avec une obligation de soins psychologiques. Ce n'est pas superflu. .

 

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

A son tour, Jean-Luc Mélenchon a été victime d'un activiste "souverainiste" qui l'a enfariné lors de la "marche des libertés" contre l'extrême-droite, dimanche 13 juin. Interrogé par des journalistes, l'agresseur a  revendiqué “un geste de contestation, comme beaucoup de gens en font”. Ajoutant: “Je ne crois pas au débat”. Des internautes l’ont vite reconnu comme étant le jeune animateur de la chaîne YouTube "Pourquoi ça craint ?", créée en janvier 2020 et comptant 19.000 abonnés. Après une première série de vidéos fustigeant l’immigration, l’Union européenne, les militants antifascistes, les médias et la République, le youtubeur réalisait ces derniers mois des interviews de personnalités marquées à l’extrême-droite ou “anti-système”, notamment un rappeur nationaliste, et un “gilet jaune” royaliste. Que du beau monde !.. Il passera en jugement en juillet. .

 

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

                                                                        L'ange des maudits ?..

 

 

                                                               Médiéviste ou médiavisiteur ?..

                                                               mais avec un pet au casque ?..

                                                                             Sacré Graal !..

                                                                    Bravitude ou bravade ?..

                                                 "J'en ai ma claque de toute cette histoire !.."

 

                                                                      "Le bruit et la fureur.."

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Personnaly © 2014 -  Hébergé par Overblog