Le petit chemin..

  • lepirelon

"Ce petit chemin qui n'a ni queue ni tête !", chantait autrefois Mireille en son Petit Conservatoire. Devrait-on reprendre cet alexandrin pour qualifier le "nouveau chemin" proposé par Emmanuel Macron lors de son intervention du 14 Juillet ? Certains n'y vont pas par quatre chemins et n'hésitent pas à le qualifier de "voie sans issue", d'impasse ou même de "labyrinthe". Saura t-il trouver le bon chemin pour sortir le pays de la crise du coronavirus ? Sans prendre le chemin des écoliers ou s'arrêter à mi-chemin pour rebrousser chemin ? Y trouvera t-il son chemin de Damas ou bien son chemin de croix ?..

 

Avant d'emprunter ce chemin pavé de bonnes intentions, le chef de l'Etat préconise une mesure sanitaire: le port du masque dans tous les lieux clos à partir du 1° août. Afin d'éviter une nouvelle propagation du virus. Maintenant qu'il n'y a plus de pénurie, chacun doit se protéger et garder ses distances. Même dehors. Avis aux amateurs de rave-party et de zouk-machine ! Pas de collé-serré ! "Si on ne veut pas de deuxième vague, ça dépend de nous". En cas de nouvelle vague épidémique, "Nous serons prêts !" a-t-il dit, précisant qu’il était opposé à un reconfinement généralisé du pays. Si un vaccin contre le coronavirus était trouvé, "la France sera servie parmi les premiers pays", a t-il déclaré, alors que le groupe français Sanofi travaille à l’élaboration d’un vaccin contre le virus.  

 

Pour faire face à la crise économique, le plan de relance de 460 milliards sera renforcé de 100 milliards supplémentaires " pour faire la relance industrielle, écologique, locale, culturelle et éducative". Objectif à six mois: "Tout faire pour éviter le maximum de plans sociaux, réduire leur importance avec les mesures d’urgence qu’on a pu prendre, (…) protéger". Pour accompagner les nouveaux diplômés, il a annoncé la mise en place de 300 000 "contrats d’insertion", l’ouverture de 200 000 places dans les formations qualifiantes supérieures pour permettre aux jeunes de poursuivre leurs études, et un "dispositif exceptionnel d’exonération des charges" pour les jeunes.

 

Pour financer ces mesures: "Je pense qu’on ne résout pas une crise comme celle-ci en augmentant les impôts. Il y a une trajectoire fiscale qui a été décidée, votée par la représentation nationale. C’est celle qui sera tenue. Elle correspond aux engagements que j’avais pris". On instituera une "dette Covid" qui sera mise à part et remboursée à longue échéance. A la Saint Glinglin ? En revanche, pas question de revenir sur la suppression de l'ISF sur les avoirs financiers mais option envisagée de décaler la suppression de la taxe d’habitation qui était prévue entre 2021 et 2023 pour les 20 % de foyers les plus riches. Emmanuel Macron a aussi appelé à une "modération des dividendes" de la part des entreprises ayant demandé à leurs employés de diminuer leurs salaires. Ce serait bien la moindre des choses. A surveiller..

 

Il a aussi confirmé sa volonté de vouloir mettre en place la réforme des retraites : "Je crois que cette réforme est juste. Il faut peut-être lui donner un peu plus de temps, mieux la concerter. (…) La retraite, c’est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas (…). Nous devons regarder notre système de retraite en face". Adoubant ainsi les propos du Premier ministre, Jean Castex, qui devra se montrer à la hauteur de la tâche et user de sa faconde pour en convaincre les syndicats plus que réticents. Ce n'est pas gagné. Loin de là !..

 

Au rayon vert, Emmanuel Macron veut inscrire "le plus vite possible" la lutte contre le réchauffement climatique dans la Constitution. Il souhaite aussi "redévelopper le fret ferroviaire massivement" et soutenir les trains de nuit et les petites lignes, "parce que tout ça, ça permet de faire des économies et de réduire nos émissions". Il a rappelé son ambition de développer les primes à la conversion vers des véhicules moins polluants, ainsi qu’un plan pour "rénover massivement" les bâtiments. Avant d’évoquer la relocalisation de certaines industries en France, dans cette optique écologique: "On va re-produire dans nos régions parce que le numérique va nous permettre de produire de plus petites quantités, plus vite, grâce à l’impression 3D". Chiche !..

 

Enfin, alors que les violences policières ont fait l’objet de nombreuses manifestations ces derniers temps, il a fait la promotion des caméras-piétons, qui permettent d’enregistrer les activités des forces de l’ordre, notamment lors des contrôles d’identité, pour lesquels des délits de faciès ont été dénoncés par le Défenseur des droits : "Nous allons tout reprendre et généraliser d'ici la fin du quinquennat les caméras-piétons qui permettent, sur ces sujets comme sur celui des modes opératoires des forces de l’ordre, de rétablir la confiance entre la population et la police.      "Vos papiers ! Souriez, vous êtes filmés !.."

 

Après avoir lu tout cela, on ne peut pas dire qu'il nous engage sur un chemin pavé de roses.. MB

 

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Néanmoins, si l'on considère objectivement ces mesures, on peut parler d'un plan de relance keynésien, façon New Deal de Roosevelt, d'inspiration sociale-démocrate. Si l'on ajoute aux 460+100 milliards français les 40 milliards promis par le plan de relance européen, ce sont donc 600 milliards qui seront consacrés à l'industrie, aux commerces, aux services ainsi qu'aux salariés et aux jeunes. Qu'importent les couleurs de la casaque du jockey pourvu qu'il ait le bon cheval. MB

 

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