Pantalonnade..

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"Pantalonnade". C'est ainsi que Jean-Luc Mélenchon a cru bon de qualifier les débats du premier jour du procès où il comparaissait pour "rébellion, provocation directe à la rébellion et intimidation envers des magistrats et des dépositaires de l’autorité publique". Pour une fois, nous tomberons d'accord avec lui mais uniquement sur le qualificatif que nous n'emploierons pas à l'égard de l'instance judiciaire comme lui.

Nous appliquerons ce terme de "pantalonnade" au prélude extérieur à cette audience où l'on a pu voir le gourou des Z'insoumis arriver entouré de sa garde rapprochée et d'une cohorte de zélotes brandissant des pancartes bariolées et scandant le slogan: "Résistance !" sur l'air des lampions. 

 

Cette manifestation qui n'avait rien de spontanée voulait dénoncer un "procès politique" et une "justice d'exception" à l'encontre de leurs principaux dirigeants. Reprenant ainsi la réthorique du "lawfare" développée par leur Lider Maximo depuis qu'il a rapporté cette thématique d'outre-Atlantique, lors de son périble sud-américain cet été. En l'occurence, on a bien du mal a établir une comparaison pertinente avec ce qu'il se passe dans certains régimes de cette hémisphère où les droits du citoyen sont systématiquement bafoués. Et pourtant, quelques-uns d'entre eux sont régulièrement portés aux nues par la doxa mélenchonienne. Mais qu'à cela ne tienne ! VIva la revolucion !..

 

Cette démonstration partisane très show-off s'est arrêtée aux portes du tribunal et tous les participants ont pris la pause en levant le poing et en chantant. Renouvelant ainsi l'arrivée spectaculaire au Palais Bourbon des dix-sept nouveaux députés de La France dite insoumise en juin 2017. Avouons-le, cela nous a rappelé une séquence ironique d'une ancienne pochade de Jean Yanne, genre Moi y'en a vouloir des sous !.. qui dénonçait les poncifs teintés de panurgisme de certains cortèges revendicatifs. La dérision et l'humour en moins pour ce maussade happening obligé.. 

 

Le procés a ensuite débuté par le visionnage de l'objet du délit: la célèbre video en temps réel de la perquisition au siège de LFI, à l'automne 2018. Le public s'est régalé des répliques cultes connues de tous:"La République, c'est moi !, Ma personne est sacrée !", et il ne boudait pas son plaisir en riant à plusieurs reprises. Comme si c'était une rediffusion des Tontons flingueurs ou du Corniaud.

 

Après le spectacle en matinée, les choses sérieuses ont débuté l'après-midi avec la comparution du principal accusé questionné par le président du tribunal sur les raisons de sa colère lors de cette fameuse perquisition. Le prévenu JLM ne se démonte pas, raconte l'intrusion des policiers chez lui qu'il a vécu comme une "humiliation". Puis son arrivée tonitruante au siège de son parti, ses consignes adressées à ses affidés: "Allez, enfoncez-moi cette porte ! On va voir si on va m’empêcher d’entrer dans mon local !". Mais aussi ses invectives hurlées à l'égard du gendarme en faction:      "La République, c’est moi ! Poussez-vous de là ! Allez ! On va voir qui va avoir le dernier mot ici !.."

 

Puis, l'entrée fracassante à l'intérieur du local et le pugilat qui s'en est suivi. Un policier et un militant tombés à terre, le procureur bousculé par Jean-Luc Mélenchon, un autre policier qui s'interpose et la confusion qui s'en suit. Enfin l'intervention judiciaire abrégée. Face à ces images, le président demande: "Quelque chose m’étonne. Vous montez avec des militants et, tout de suite, vous criez. Pourquoi ne demandez-vous pas à rentrer calmement ?". Réponse: "Est-ce que j’aurais dû agir autrement ? Je n’en sais rien. Je parle fort parce que j’ai toujours parlé fort. Je suis coupable de quoi ? Qu’est-ce que je fais ici ? Accuser un insoumis de rébellion est un pléonasme". Un oxymore ?.

 

Pour justifier son attitude, il affirme: "Ce procès est un procès politique parce que les motifs sont politiques . On voulait me nuire et me flétrir. Je n’ai bousculé, frappé, violenté personne. Je n’ai fait que rappeler les règles de la République. Je me suis comporté comme un militant politique dans une situation politique". Ce à quoi le représentant du ministère public a répondu  à l'Insoumis : "Vous n'avez pas tous les droits en tant que personne publique". Précision tout sauf superflue..

 

Tout le monde attendait l'affrontement entre le Grand Timonier des Z'insoumis et l'avocat de la partie civile, Me Dupont-Moretti. Et il a tenu ses promesses. A l'avocat qui lui demande s'il peut présenter des excuses aux policiers agressés, JLM leur dit: "Je regrette profondément de vous avoir perturbé par mon niveau de décibels ". "C'est de la moquerie ?.." questionne l'avocat qui ajoute: "Il n’y a pas que le volume mais il y a aussi les mots". Réponse: "Non, je ne présente pas d’excuses pour leur avoir dit que ce n’était pas digne d’une police républicaine". Donc, ni regrets, ni remords..

 

Piqué au vif, le prévenu Mélenchon apostrophe l'avocat vedette: “Allons M. Moretti, allez droit au but au lieu de faire des petites questions comme ça. Soyons offensifs quoi!”. ”Allons-y!” acquiesce l’adversaire, qui, lui aussi veut avoir le dernier mot: ”Je vais y aller comme je sais faire”, reprend l’avocat. ”Et moi, vous répondre comme je sais faire”. Des répliques qui fusent . Au théâtre, ce soir !  Un peu à la manière de feux Raimu et Pierre Fresnay cabotinant sur scène à qui mieux mieux:       "Tu me fends le cœur. Je ne dis pas que je vais pleurer, non, mais moralement, tu me fends le cœur !"

 

Ou bien était-ce un numéro versant fatalement dans la "pantalonnade" comme dirait l'autre ?..  MB

 

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Comble du ridicule atteint ce premier jour de procès: on a pu voir le Grand Mamamouchi des Z'insoumis  distribuer des baisers à la volée, tel une rockstar,  en direction du petit groupe de fans enamourés venus le soutenir dans l'épreuve. Lorsqu'il s'est approché d'eux pour les saluer, une femme éplorée lui a saisi la main et l'a embrassée. "Aimer à perdre la raison" disait le poète..

 

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Le deuxième jour d'audience était consacré aux réquisitoires du procureur et aux plaidoiries des avocats. Les prévenus devant se tenir cois, finies les passes d'armes, les apostrophes tendancieuses, les comparaisons historiques douteuses, les arguments spécieux, les syllogismes à l'emporte-pièce et les rodomontades. Fini le one man show durant deux heures du principal accusé.      On l'a seulement entendu émettre quelques grognements assortis de moues de mécontentement. Et il y avait de quoi manifester son malaise et son mécontentement car les magistrats et les avocats des parties civiles n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère. Exaspérés par les dénis de réalité.

 

"Sur les images, la matérialité des faits est établie", a commencé le président. "Elles pourraient servir de réquisitoire", assure l’un des deux procureurs qui poursuit: "Ce qui est reproché à monsieur Mélenchon n’est pas d’avoir eu le verbe haut mais d’avoir fait obstacle à la justice. La mission des agents a été rendue particulièrement difficile, voire impossible. L’infraction est constituée". A la mi-journée, ce dernier a requis des amendes allant de 2000 à 10 000 euros pour les élus Corbière, Bompard, Lachaud, l’attachée de presse Rozenfeld et le conseiller d’Etat Pignerol. Et 3 mois de prison avec sursis pour Mélenchon,"celui par qui tout est arrivé mais qui pouvait freiner la situation".

 

Sans surprise, les coups les plus durs sont venus de Me Dupont-Moretti. Le ténor du barreau a dénoncé le "manque de courage" de l’élu : "Les explications que vous fournissez mesdames, messieurs, sont pathétiques (…) Vous n’avez aucun courage, vous n’apportez la preuve de rien de ce prétendu complot. C’est catastrophique qu’un élu de la République se comporte de cette façon, qu’il n’assume RIEN, parce que vous n’assumez RIEN au seul motif que vous êtes parlementaire".      Il y’a des mômes qui ont regardé tout ça, qui n’ont pas été sénateur socialiste pendant 40 ans, qui ont quatre mots de vocabulaire dans leur besace, qui ont des difficultés sociales et qui n’ont plus confiance en l’autorité. Quel signal vous leur avez donné ? Pardon mais c’est un signal délétère".

 

Se tournant vers Jean-Luc Mélenchon, il fustige: "Vos explications sont pathétiques. Mais vous ne voulez pas et vous ne pouvez pas reconnaître les faits, vous niez l’évidence car vous avez vos électeurs, et il s’agit de pallier la chute de votre électorat". Ajoutant: "Voyez-vous, je n’en demandais pas tant pour mes clients. Simplement un mot d’excuse. […] Mais dire ça, vous en êtes incapable car c’est vous la victime dans ce procès politique, hein ! Vous êtes le Lula français, tiens donc ! On a juste des politiques qui ont traité des policiers comme de la merde !". Et bousculé un magistrat..

 

Puis portant l'estocade, il assène: "De grâce, arrêtez votre cirque, arrêtez votre délire paranoïaque. On n’est pas au Venezuela ici. Ici on est France et quand on outrage un policier, on est condamné". Fermez le ban ! Arme au pied !..  MB

 

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NB: A propos de l'ambiance dans la salle d'audience qui était squattée par la tribu des Z'insoumis venus soutenir leur chamane, on a noté qu'ils applaudissaient à ses interventions au mépris des règles, ne cachant pas leur jubilation . En revanche, certains d'entre eux se sont permis de huer ou de siffler la péroraison de Me Dupont-Moretti et de lui crier: "Camomille ! Camomille !", en référence aux tweets polémiques entre leur maître à penser et l'avocat qui ont précédé le procès.     Ambiance "Fête à Neu-neu" ? "De la tenue en toutes circonstances !" disait-on jadis aux enfants. MB

 

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Pas vu, pas pris !.. Jean-Luc Mélenchon a décidé de ne plus accréditer les journalistes de l'émission "Quotidien" à l'origine de la fameuse vidéo de la perquisition au siège de LFI qui a servi de support au "procès politique" qu'il a dû affronter récemment . "Sans 'Quotidien' il n’y avait pas de procès possible contre nous", clame le leader "insoumis", selon lequel "seules les images montées et accommodées que l’émission a publiées il y a bientôt un an servent d’arguments et de “preuves”. Je ne veux plus que cette émission soit accréditée à mes réunions ni à aucun de mes déplacements".  Mesure de rétorsion contestée en interne par Clémentine Autain qui exprime, une fois de plus, sa différence: "C'est sa décision, qui concerne ses réunions, mais pour ma part, je pense que la liberté de la presse est un principe intangible, même avec des médias qu'on n'aime pas". Liberté chérie !..

 

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