Homard m'a tuer..

  • lepirelon

A deux reprises, cette semaine, un homard aura été cause de polémique pour des hommes politiques. Le premier est l'ambassadeur d'Israël au Brésil critiqué pour avoir voulu maladroitement caviarder une photo où apparaissait ce crustacé dans son assiette lors d'un repas avec le président Bolsonaro. Au motif que ce met ne serait pas casher et risquerait d'indisposer les intégristes de son pays. Le second, plus près de nous, est François de Rugy, ministre de la "Transition énergétique" dont Médiapart a révélé les agapes somptuaires auxquelles il se livrait lors de ses réceptions à l'hôtel de Lassay, lorsqu'il en était l'occupant. On lui reproche d'en avoir trop souvent pincé pour ce fruit de mer qui était servi arrosé de vins fins aux amis qu'il conviait.

 

Sur la première affaire, nous ne nous étendrons pas, n'ayant pas la qualité d'exégète des textes hassidiques restrictifs sur les aliments issus de la mer. Seuls y sont autorisés à la consommation les animaux comportant arêtes et écailles. Le fait est que crabes, langoustes et homards n'aiment rien tant que les fonds vaseux. Mais ceux qui respectent cette interdiction perdent une occasion de goûter à une  délicieuse chair - quoique chère. Rappelons tout de même pour ceux qui s'entêtent à l'ignorer qu'Israël est un Etat laïque où cohabitent des citoyens de plusieurs religions ou croyances. Et bon nombre de libres penseurs..

 

La seconde affaire nous est plus familière. Elle concerne le train de vie de nos élus à qui il est souvent reproché de "s'en fourrer jusque là !", comme on le chante dans La Vie parisienne d'Offenbach. En l'occurrence, l'ex-président de l'Assemblée nationale semble illustrer à merveille le dicton: Faites ce que je dis mais pas ce que je fais ! En effet, d'un côté, il se targue d'avoir réduit les frais de représentation de sa fonction et d'avoir imposé de nouvelles règles aux députés. Obligeant ces derniers à fournir des notes de frais pour le moindre "petit verre de l'amitié" avec cacahuètes en circonscription. De l'autre, il parait avoir fait valser l'anse du panier pour ses agapes personnelles.

 

D'autant que pour sa défense, il incrimine courageusement sa femme, journaliste à l'hebdomadaire Gala qu'on feuillette distraitement chez le dentiste pour calmer son appréhension. Ces dîners (de gala ?) auraient été surtout destinés à des convives amis ou relations de son épouse. Demi-monde prêt à se goberger aux frais de la princesse ? Pas du tout ! Selon lui: "Il n’y a pas eu de dîners entre amis, c’étaient des dîners de travail informels avec des personnes qui ont des relations avec une autorité politique". Informels avec champagne millésimé, quand même ! Pas du fast-food avec burgers, burritos et Coca light. Quant aux "dîners de travail avec des personnes qui ont des relations avec une autorité politique", c'était jadis l'excuse diplomatique des visiteurs officiels prévoyant une escapade chez madame Claude. Même si, dans ce cas, comparaison n'est pas raison.. 

 

Il précise que cette "dizaine de dîners informels" rentrait dans les "fonctions de représentation à l’égard d’autres responsables politiques du pays ou des responsables d’entreprises, de médias, d’organismes culturels, universitaires. Ce sont des dîners ou l’on rencontre, comme le font tous les responsables politiques, un certain nombre d’interlocuteurs que l’on connaît ou que l’on ne connaît pas, qui font partie de relations que l’on avait avant d’être président de l’Assemblée nationale"..    Admettons. Mais que dire du fastueux dîner aux chandelles offert pour la Saint-Valentin ?..

 

Ces révélations tombent d'autant plus mal pour François de Rugy qu'il s'était récemment fait le champion de l'ascétisme. Notamment pour répondre aux attaques de François Ruffin sur ses déplacements en voiture de fonction et ses trois chauffeurs. Il affirmait alors venir souvent à pied ou à vélo à l'Assemblée. Ce qui lui avait donné le beau rôle face au défi du trublion des Z'insoumis.

 

Aujourd'hui, ses pratiques révélées contredisent ses préceptes frugalistes. Elles concordent avec les mots d'ordre revendicatifs des partis populistes qui pourtant, eux aussi, ont été pris la main dans le pot de confiture. Mais aussi avec les slogans des mouvements poujadistes, tels certains des "gilets jaunes" qui en ont fait des refrains anti-élites. D'autant que l'amalgame est tentant avec les récents procès Balkany et Tapie jugés pour diverses malversations financières. Deux exemples de personnages qui ont eu "des relations avec une autorité politique". Au plus haut niveau de l'Etat. Sans parler de la révélation du trésor caché en Suisse de Raymond Barre, le chantre de la rigueur.  Mais quelle époque !..  On aura tout vu, tout entendu ! Rien ne nous sera épargné !.. 

 

"Ce homard m'a tuer ! Il était énorme. Passe-moi la mayonnaise pour le deuxième !.." 

"Et ressers-moi donc un verre de ce Château Yquem qui s'ennuie dans sa bouteille !.."

"Faut que je lui dise deux mots ! Cul sec ! Voilà ! Ce qui est pris n'est plus à prendre !.."  MB

 

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                                                                Des homards géants ?..

                                                                   In vino veritas ?..

                                                                              Oups !..

 

 

 

 

 

                                                                     Mais celui-là ne l'est pas !..

                                                             " Au secours !.. "

 

 

                             Jeff Koons et son fameux Lobster qui avait tant réjoui Versailles en 2009

                                                      Lobster Telephone (Salvador Dali 1936)

                                 Les crustacés, ça ne se mange pas vivants comme les huîtres !..

                                                                    Ainsi font, font, font..

 

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