La veste d'Agnès B.

  • lepirelon

"Mais qu'allait-elle faire dans cette galère ?.." Voilà ce que ses proches auraient pu dire à Agnès Buzyn afin de la dissuader de quitter son poste ministériel pour s'engager dans la campagne des municipales parisiennes après le crash en plein vol de Benjamin Griveaux. L'aventure s'annonçait risquée - voire suicidaire - tant la partie était mal engagée pour LREM face aux deux tigresses PS et LR prêtes à n'en faire qu'une bouchée. Et c'est ce qu'il advint. Arrivée troisième au premier tour, Agnès B. étale son blues, son amertume et même sa rancœur. Tout en provoquant un clash politique très malvenu.

 

A propos de ces élections, elle dit: "Je savais que la vague du tsunami était devant nous. Le 30 janvier, j’ai averti Edouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. La dernière semaine a été un cauchemar. J’avais peur à chaque meeting. J’ai vécu cette campagne de manière dissociée". Justification d'après-coup ? Façon de se poser en martyr ? Palinodie face à ses déclarations antérieures ? Amertume après la défaite ? 

 

Pourtant, c'est bien elle qui déclarait le 24 janvier: "Le risque de propagation du coronavirus dans la population est très faible". Double langage ou incurie ? "Bien sûr, je n’aurais pas dû prononcer ces mots" reconnait-elle aujourd'hui. Quant à son engagement dans la campagne des municipales, elle affirme: "Ni Emmanuel Macron ni Edouard Philippe ne m’ont mis la pression. Mais je recevais des milliers de textos me disant : “Il n’y a que toi…” Je me suis dit que je n’allais pas laisser La République en marche dans la difficulté. J’ai appelé moi-même le président pour lui dire que j’y allais.."   Façon Jeanne d'Arc morigénant Charles VII pour sonner la reconquête des citadelles perdues ?      Comme disait l'autre: "Jeanne, au secours !.." 

 

A l'époque, certains n'ont pas hésité à parler d'abandon de poste - pour ne pas dire désertion - face à l'arrivée de la tempête. Ou plutôt du tsunami, comme elle le dit elle-même. A t-elle voulu sortir de l'impasse où la menait la grève des hospitaliers ainsi que le raté de la réforme des retraites et préserver son avenir en choisissant la voie de l'engagement politique qui la tentait depuis longtemps ? Sauf que ses premiers faux-pas dans cette arène ont révélé une maladresse coupable. Grave !..

 

Ces propos aigris n'ont pas manqué de faire réagir son camp ainsi qu'une partie de l'opposition. Edouard Philippe a réfuté avoir sous-estimé l’ampleur du danger, se retranchant derrière les explications de la communauté scientifique. "A l’époque beaucoup de médecins n’étaient pas d’accord avec elle. Lorsque nous avons posé la question de l’organisation du premier tour, les scientifiques nous ont dit qu’avec un strict respect des consignes sanitaires, elles pouvaient se tenir" a t-il lâché. On sait aujourd'hui qu'il est l'un de ceux avec Gérard Larcher et François Baroin a avoir poussé Emmanuel Macron, favorable au report, à changer d'avis sur le maintien du scrutin à la date prévue. Le président du Sénat arguant d'un "coup de force institutionnel" et l'entourage du 1° ministre affirmant: "Si on reporte, les extrêmes vont crier à la manipulation". Ce qui n'aurait pas manqué..

 

Côté opposition, cette interview a provoqué un tollé de protestations. Des "aveux consternants", s’est indigné Jean-Luc Mélenchon. Ajoutant: "Se rend-elle compte qu’elle engage sa responsabilité pénale et celle des autres personnes qu’elle dit avoir prévenues ?". Pour Marine Le Pen, c'est pain béni: "Face à ce "très grave scandale d’Etat", Mme Buzyn sera amenée à donner des explications à la Cour de justice" affirme t-elle. Et pour faire bonne mesure, elle envisage même une saisine de la Haute Cour de justice contre Emmanuel Macron. Sans aller jusque là, des questions se posent..

 

Ainsi, en exposant sa déprime et son aigreur, l'ex-ministre de la santé vient de déstabiliser le pouvoir qui fait face à une épreuve inédite et, plus grave, d'ébrécher le fragile consensus d'union nationale dans la lutte contre l'épidémie. De plus, elle parait abandonner le navire en se retirant de la compétition après un premier revers. Beau retournement de veste, Agnès B. c'est du cousu-main !..

 

Ses larmes n'y pourront rien changer, comme dit la chanson Je suis venu te dire que je m'en vais.. "Je me demande ce que je vais faire de ma vie" se lamente t-elle. "L’hôpital va avoir besoin de moi". Bonne résolution. Chacun à son poste pour que la vie continue. A Paris et dans toute la France.. MB

 

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

La gaffe à ne pas commettre, en ce moment: "Face à l'épidémie, il faut se serrer les coudes !.."

 

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                               On peut s'y brûler les ailes !..

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Personnaly © 2014 -  Hébergé par Overblog