La gueule de l'autre..

  • lepirelon

Si, un tant soit peu, vous avez suivi l'actualité récente, vous n'avez pu échapper au scandale déclenché par la publication d'une affiche des Z'insoumis appelant à manifester contre l'extrême droite mais illustrée par une caricature grimaçante de l'animateur Cyril Hanouna qui n'est pas sans rappeler l'iconographie antisémite des années 30/40. De fait, il y a de quoi être troublé sinon indigné. Ce qui n'a pas manqué de faire réagir nombre de personnalités politiques, associatives ou religieuses. Critiquant les dérives idéologiques du mouvement 'gazeux' de Jean-Luc Mélenchon. En réponse, celui-ci a violemment réagi à ces accusations d'antisémitisme en les niant avec force.

       Malgré l'évidence de la ressemblance consternante avec la propagande antijuive du III° Reich :

 

 

Pour s'en défendre, Paul Vannier, élu LFI, a rejeté la faute sur l’utilisation de l’Intelligence Artificielle d’Elon Musk, Grok. Manuel Bompard, coordinateur des Z'insoumis, a tenu à préciser : “On ne l’a pas modifié intentionnellement ou volontairement”. Tout en reconnaissant que son utilisation était une erreur. Ajoutant: “La France insoumise n’a jamais représenté, ciblé ou visé une personne en fonction de sa confession religieuse ou de son origine”. Déclaration contredite au regard des faits.

 

Jean-Luc Mélenchon, lui, nie ces accusations d'antisémitisme induit. Interrogé une première fois à ce sujet, il a répondu: "Il va falloir vérifier tout le temps la religion des gens qu'on caricature". "Par pitié, lâchez-nous, occupez-vous de ce qu'on propose, arrêtez avec ce cirque", avait-il poursuivi. "Tout cela n’a aucun sens. Nous n'avons rien à voir avec le racisme". Puis, une autre fois, répondant à la question: "L’affiche Hanouna, c’était une erreur ou pas ?", il a répliqué: "Pourquoi vous me posez cette question ? De quel droit ? Qui vous êtes ? Vous m’accusez ? Non ? Alors taisez-vous ! Vous continuez une campagne lancée par l’extrême droite. Vous pensez que la tête d’Hanouna, comme la mienne, ne pourrait pas être caricaturée ? Pourquoi ça serait de l’antisémitisme ? Ça suffit ! Ça suffit maintenant !". .

 

 Clémentine Autain, députée ex-LFI, a dénoncé "une erreur de communication de Jean-Luc Mélenchon". Ajoutant: "Jean-Luc Mélenchon ne me paraît pas à la hauteur du moment, de ce point de vue-là, parce qu'il ne reconnaît pas que c'était une erreur. On a le droit de faire des erreurs, mais quand on persiste, c'est diabolique". "Quand vous êtes un grand leader, cultivé, comme l'est Jean-Luc Mélenchon, comment pouvez-vous dire, 'on ne sait pas' ? Comment peut-on ne pas connaître cette histoire, ne pas savoir que cette iconographie est évidemment empruntée à celle de l'antisémitisme des années 1930 ?..". Concluant: "Beaucoup d'Insoumis, en tant que militants, sont heurtés de ce qu'il se passe". Voire ?..

 

Face à toutes ces critiques, l’affiche a été retirée, “puisqu’elle a permis de faire ce parallèle, elle n’aurait pas dû être publiée”, a indiqué Manuel Bompard. Faute avouée, à demi pardonnée ? Cyril Hanouna a porté plainte devant le tribunal judiciaire de Nanterre qui a condamné, vendredi 21 mars, La France insoumise (LFI) à verser 3 500 euros à Cyril Hanouna pour atteinte au "droit à l’image". Celui-ci a précisé que cette somme serait reversée à une association luttant contre l’antisémitisme. Il a aussi prévu une action au pénal, selon son avocat. Il a pointé à l’AFP un "photomontage choquant", dont le caractère "antisémite" devra faire l’objet de cette nouvelle procédure qui devra juger sur le fond.

 

Cette affaire révèle, une fois encore, les dérives idéologiques du Lider Maximo des Z'insoumis et de ses affidés s'enferrant dans le populisme sectaire et le clientélisme électoral. Si les émissions de l'animateur Hanouna ressortant de la trash-télé ne sont vraiment pas notre tasse de thé, on ne peut admettre qu'on s'en prenne à lui de cette façon ignoble en réveillant à tort les passions tristes d'un sinistre passé. MB

 

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 

Le billet de Thomas Legrand
Les insoumis, gâcheurs de gauche

 

En prêtant à nouveau le flanc à des accusations d’antisémitisme et en se refusant à les réfuter sérieusement, LFI continue de saper les conditions d’une victoire pour la gauche.

 

 

L’affaire de l’affiche de LFI, prévue, puis retirée, dénonçant la montée de l’extrême droite en représentant Cyril Hanouna le visage sombre et menaçant, aux traits évidents de la caricature antisémite typique des années 30, révèle le pitoyable état d’esprit au sein de l’appareil de propagande des insoumis. L’incapacité de Jean-Luc Mélenchon, jeudi 13 mars sur France Inter, de faire amende honorable et au contraire aggravant son cas en utilisant la vieille tactique de la victimisation, achève de désespérer tous les unionistes de gauche. Le «tout conflictualiser» de LFI, souvent décrit et dénoncé dans ces pages, a atteint un sommet d’abjection, désastreux pour tous ceux qui tentent de démentir l’assertion selon laquelle les gauches seraient irréconciliables.

L’aspiration à dépasser les différences entre toutes les tendances de la gauche en cette période de submersion réactionnaire est très forte parmi les sympathisants écologistes, communistes, socialistes, insoumis et certainement aussi chez une partie de ceux, déçus, qui avaient cru qu’Emmanuel Macron était la réincarnation de Michel Rocard ou Pierre Mendès France. Tous ces gens qui vivent la bollorisation du paysage médiatique, la dérive illibérale de la droite dite de «gouvernement» et l’irrésistible avancée du populisme mondial comme un drame, ont besoin d’une large proposition de gauche, forte et humaniste, si non parfaitement unie, au moins en accord sur un socle de valeurs fondamentales.

Stéréotypes de peur

La propagande de dénonciation ad hominem est, en elle-même, contraire aux codes minimums de la vie politique acceptable pour la gauche comme pour n’importe quel parti républicain. L’utilisation d’un visage en gros plan pour susciter un sentiment de rejet utilise forcément des stéréotypes de peur. Dès lors, cette méthode emprunte, c’est sa nature, les ressort racistes et en l’occurrence antisémites. «Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes, noirs de barbe et de nuits hirsutes menaçants […] y cherchait un effet de peur sur les passants». Nous voilà contraints d’utiliser Aragon et ces vers de l’Affiche rouge pour dénoncer les méthodes des insoumis contre… Cyril Hanouna.

Jean-Luc Mélenchon a réussi à intéresser nombre de jeunes à la chose publique. Il devrait donc comprendre sa responsabilité aujourd’hui et utiliser son pouvoir de persuasion à éviter ces invraisemblables et coupables fautes. Fautes qui ne peuvent décemment pas être qualifiées d’erreurs de communication. Jean-Luc Mélenchon, féru d’histoire et d’éducation populaire, devrait être effrayé par l’inculture historique (espérons qu’il ne s’agisse que d’inculture) des concepteurs et de ceux qui ont validé cette affiche. L’affaire Dreyfus et la lutte contre l’antisémitisme sont l’acte fondateur de la gauche républicaine. Il se pourrait, si LFI ne se reprend pas, que l’antisémitisme soit aussi la cause de son très prochain schisme.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Le billet de Thomas Legrand
Comment Jean-Luc Mélenchon                                                      s’est Jeanmarielepenisé

 

Comment un homme politique aussi cultivé que le leader insoumis ne comprend-il pas que sa stratégie dénature son camp et sert ses adversaires ?

 

 

Jean-Luc Mélenchon l’a théorisé depuis des années devant plusieurs de ses proches : il faut s’inspirer de la méthode de Jean-Marie Le Pen, la diabolisation. Quand la défiance envers les élites est à son comble, ce sont les pestiférés du système qui en profitent électoralement. C’est comme ça que Jean-Marie Le Pen avait rehaussé son plancher électoral. Le problème, c’est qu’en croyant consolider son plancher haut, le créateur du FN avait surtout renforcé son plafond bas.

Plancher haut, plafond bas, voilà de bien mauvais principes architecturaux. Il a fallu dix ans de dédiabolisation à Marine Le Pen pour rehausser ce satané plafond. Mais l’exemple Trump, casseur de codes et broyeur de système, semble raviver aux yeux de Jean-Luc       Mélenchon la théorie de l’affrontement permanent. D’autant que la période est à la polarisation et que seuls les bordélisateurs se font entendre. Le dernier avatar de cette stratégie est le refus, contre l’avis des autres cadres de LFI, de condamner une affiche, aux évidentes caractéristiques antisémites, visant Cyril Hanouna. Et voilà le présentateur vedette,      propagateur en chef du racisme médiatique, victime d’un parti qui se réclame de Jaurès.      Aujourd’hui, tout comme ce fut le cas pour l’antisémite Le Pen, Mélenchon est au ban du monde politique dans la position de l’extrémiste grincheux, infréquentable. Plus personne à gauche, hors LFI toujours caporalisé, n’envisage de faire alliance avec Jean-Luc Mélenchon.

Il se trouve que la stratégie antisystème poussée jusqu’à l’indignité, c’est-à-dire jusqu’à jouer avec les codes de l’antisémitisme, convient parfaitement à la droite et à l’extrême droite qui cherchent, par tous les moyens, à s’unir sans se contredire. Quoi de mieux, en      effet, que de renverser le stigmate et d’invoquer la République, de ressortir le cordon sanitaire, pour se mettre en travers de la route du woko-islamo-gaucho-antisémitisme représenté par un Mélenchon éructant sur les journalistes ?

Résumons le désastre : la stratégie de Jean-Luc Mélenchon n’a donc pas pour effet de dénaturer l’âme de la gauche, qui doit être la pointe de la lutte contre l’antisémitisme. Elle contribue aussi à diaboliser la critique de l’action du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou. Elle héroïse le facho-clown Hanouna et facilite le rapprochement entre droite et extrême droite, qui ne demandent qu’à prendre le pouvoir ensemble. Pendant ce temps-là, puisque tout est à l’envers, Jordan Bardella va tenter de faire oublier les racines antisémites de son mouvement et de sa lignée politique à Jérusalem, en tenant conférence en Israël, au moment où ce pays commet des crimes de guerre à Gaza.

Comment un politique si cultivé que Jean-Luc Mélenchon ne voit-il pas qu’au jeu du plus radical et du plus basique, alors que les débats sont réglés par un écosystème médiatique    général, algorithmé pour favoriser violence et idées simples, l’extrême droite sera toujours plus forte ? Dans ce contexte, la distinction entre «fâchés fachos» et «fâchés pas fachos» ne se fait qu’à l’avantage des fâchés fachos.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

 

                                                                     Dessin de Plantu

                                                                         Va de la gueule ?..

 

 

                                                                        Totor et Dudule ?..

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Personnaly © 2014 -  Hébergé par Overblog