Salami..
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"Hier, nous étions au bord du précipice. Mais depuis, heureusement, nous avons fait un grand pas en avant !..". Cette boutade pourrait refléter la situation politique française actuelle. Suite à la dissolution hasardeuse de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron et la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, le navire exécutif n'a pas cessé de tanguer. Confronté depuis à des tempêtes et à des mutineries, le voici menacé maintenant d'être torpillé par des motions de censure déposées par des opposants acharnés à sa perte. Tous pétris d'arrière-pensées plus ou moins avouables . .
La première de ces motions sera portée par la gauche sous la bannière effrangée du Nouveau Front Populaire. Insoumis, communistes, socialistes, écologistes, tous d'accord pour une fois, afin de faire un sort à ce gouvernement minoritaire, fait de bric et de broc, qui a présenté un Budget pour 2025 s'apparentant à une peau de chagrin. Malgré quelques mesures symboliques, comme la taxation des très grosses entreprises, qui auraient pu leur convenir, en d'autres circonstances . .
Mais le fond de l'affaire est ailleurs. La gauche n'a pas digéré d'être dépossédée de sa "victoire", toute relative, aux élections législatives de juillet, suivies du refus d'Emmanuel Macron de nommer qulelqun(e) issu(e) de ses rangs pour gouverner. Soit Lucie Castets ou Bernard Cazeneuve, pour la tendance sociale-démocrate. En revanche, pour le gourou des Z'insoumis, il faut créer le chaos institutionnel et aboutir à la démission du Président réélu en 2022, en la réclamant à cor et à cri.
Le temps presse pour le patriarche au coup d'éclat permanent. À l'automne de sa vie politique . .
La deuxième motion de censure sera portée par la daronne du Rrramassis national qui veut se venger de l'affront qu'elle a subi lors des réquisitions du parquet à l'issue de son procès pour détournements de fonds au Parlement Européen. Souhaitant, aussi, accélérer le calendrier institutionnel en entravant le cours de la justice. Ce qui lui permettrait d'échapper à la peine d'inéligibilité. Ainsi, a t-elle changé de tactique vis-à-vis de Michel Barnier et de son gouvernement composite. Après lui avoir "laissé sa chance", tout en maintenant une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, elle a décidé de lui régler son compte, en lui servant un bouillon d'onze heures à la petite cuillère . .
Pour cela, elle lui a laissé croire qu'elle et ses troupes pourraient s'abstenir de voter la censure s'il accédait à ses demandes d'ajustements du Budget prévisionnel. S'en est suivi un marchandage éhonté, au jour le jour, où en pratiquant la technique du salami, elle a négocié et obtenu quelques renonciations de la part du Premier ministre. Comme sur la suppression d'une nouvelle taxe sur l'électricité ou le non-remboursement des médicaments. Puis, last but not least, l'exigence de la désindexation des pensions. Refusée par Michel Barnier qui a enfin compris alors qu'elle bluffait . D'autant qu'elle lui a insinué qu'elle aussi voudrait provoquer une démission d’Emmanuel Macron .
Conséquence: La France se retrouve confrontée à une situation politique et institutionnelle telle qu'aux pires heures de la IV° République lorsque l'instabilité gouvernementale régnait en maître. Provoquée par l'irresponsabilité d'acteurs soucieux de leur propre destinée qui font "leur petite cuisine sur leurs petits réchauds", comme disait De Gaulle, quand il dénonçait le règne des partis. Précisant: "Chaque remous met en action les équipes diverses de la hargne, de la rogne..". Bien vu . Or, si l'on devait exprimer un regret, ce serait celui d'avoir anticipé cette situation dès juin 2022 .
Ce dont on ne tire ni avantage ni satisfaction au vu de la déliquescence du climat politique . . MB
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Face à la morosité ambiante, il ne faut pas rater une occasion de rire. Ainsi, à peine Michel Barnier venait-il d'affronter la motion de censure, que déjà le bal des prétendants à sa succession débutait. Avec qui en tête ?.. Bien sûr, l'ineffable Ségolène Royal qui a twitté illico sur X: "Oui, suis disponible et je l’ai écrit au Président. Pour que nul ne dise, si un Premier ministre d’un parti désavoué aux élections à nouveau nommé, est à nouveau censuré, que c’est par manque de candidate venu de la gauche, expérimentée et rassembleuse. Et je le dois à toutes les femmes et petites filles". 😅🙋♀️
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Éditorial Christophe Lucet
La France face au vertige du pourrissement
L ’année devait s’achever sur un moment de fierté collective avec la réouverture de Notre-Dame de Paris, sauvée de l’effondrement et restaurée en cinq ans. Elle finit sur un vertige. Cette fois, c’est la politique française qui est en flammes : trois mois après sa nomination, le pompier Michel Barnier est à court d’expédients pour empêcher l’incendie d’emporter son gouvernement, ce qui serait un moindre mal, mais la crédibilité même du pays.
Que ce soit auprès des Français, écœurés par des jeux politiciens qui ont oublié le sens de l’intérêt général, ou auprès des investisseurs internationaux, qui s’apprêtent à déclasser la France comme la Grèce en 2010 lors de la crise de l’euro, le crédit du pays n’a jamais semblé aussi entamé depuis des lustres. Sans budget, sans idées, sans volonté de trouver de compromis pourtant inévitables, il se consume doucement, fasciné par sa propre impuissance.
Inutile de renvoyer au souvenir de la motion de censure de 1962, lorsque le Parlement, furieux du projet gaullien d’élire le Président au suffrage universel, s’était cabré, faisant chuter le gouvernement Pompidou. Car, au sommet de l’État, Charles de Gaulle possédait la légitimité et la force de conviction pour persuader les Français de réformer les institutions.
Six décennies plus tard, chacun sent que le système de la Ve République est grippé mais que le lointain successeur du Général, plombé par une dissolution hasardeuse, s’est transformé en simple spectateur de la débandade. Ne préjugeons pas de la réaction d’Emmanuel Macron et n’enterrons pas Michel Barnier avant l’heure. Mais convenons que l’engrenage actuel vient de loin. Accéléré par le saut sans filet de la dissolution de juin, il a conduit la France dans la nasse.
Pivot de notre système politique, le Président semble aussi fragile que la clé de voûte des arcs gothiques de Notre-Dame sous le feu des charpentes. Et il n’est pas rassurant de penser qu’en cas extrême d’une démission du chef de l’État, celle qui rêve de le remplacer et qui fait tout pour pousser le chef du gouvernement vers la sortie par l’accumulation de ses exigences – on a nommé Marine Le Pen – est sous le coup d’une menace d’inéligibilité pour avoir détourné au profit de son parti des millions d’euros d’argent public.
Impossible n’est pas français, dit-on parfois. Pour l’heure, c’est du pire que l’on parle, d’où cette sensation de vertige et de pourrissement. Alors, de grâce, halte au feu !
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Depuis la dissolution ratée qui a désarticulé le paysage politique français, le Parlement est revenu en enfance et joue à «Je te tiens, tu me tiens par la barbichette». Michel Barnier, vieux briscard solitaire de la Ve, a été nommé par le président Macron pour trouver une sortie à la crise politique, pour fabriquer aussi un minimum d’unité et faire des économies minimales dans le budget de l’Etat. Mais comme Michel Barnier n’est pas magicien, il s’est retrouvé ballotté comme un bouchon dans les quarantièmes rugissants par Marine le Pen ou Jean-Luc Mélenchon.
Marine Le Pen mène la danse
Tout le monde a en tête le même calendrier : la date de la future présidentielle. Et tout le monde devra slalomer d’ici sa tenue sans tomber. Après la dissolution ratée, l’élection pivot de notre système politique devrait fonctionner comme une sorte de reset de la Ve République. Si tous les prétendants doivent éviter de se faire surprendre par des faux départs des uns et des autres, ils ne devront pas oublier, quelle que soit leur inclinaison, de réinventer la politique et la démocratie… Mais manifestement, personne n’a cherché à construire une union, à rassembler la coalition la plus large avec l’ambition de trouver des solutions ensemble.
On aurait pu penser que Michel Barnier allait enfanter le «banierisme», mais ce n’a pas été le cas. Le Premier ministre l’a joué technicien, dépanneur et pas du tout maître du jeu, encore moins maître des horloges. On remarquera qu’il a cédé sur les demandes de Martine Le Pen, pas du tout sur celles de NFP. C’est donc Marine le Pen, à la tête du groupe de députés le plus nombreux, qui a mené la danse et imposé son rythme à l’Assemblée et à Michel Barnier. Elle a fait monter les enchères. Comme elle ne voulait pas perdre le bénéfice de sa dédiabolisation réussie, facilitée par l’auto-diabolisation de Jean-Luc Mélenchon, elle a hésité jusqu’au bout, souhaitant éviter une censure qui va précipiter les événements. En annonçant que son parti voterait la censure, elle fait le pari que ce choix n’abîmera son image «respectable» qu’elle juge indispensable pour l’avenir.
Un dernier élément a-t-il pesé ? Tandis que Marine Le Pen se préparait pour la future présidentielle, la justice lui a annoncé sa possible condamnation pour détournements de fonds européens ayant servi à financer le fonctionnement du parti qu’elle dirige. Elle n’est pas encore condamnée, mais elle peut l’être. La menace de son inéligibilité a sans doute radicalisé Marine Le Pen. Elle avait obtenu d’être la partenaire exclusive du Premier ministre – une première dans l’histoire de l’extrême droite populiste. Mais elle s’apprête quand même à le faire tomber et le vouer aux gémonies, peut-être mue par une forme de radicalisation vengeresse…
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