Le retour du jet d'ail . .

  • lepirelon

Une vieille croyance des Carpathes stipule que l’ail peut repousser et occire les vampires et les zombies. Les démocrates américains auraient pu s'inspirer de cette vieille légende pour combattre leur adversaire lors de la récente campagne électorale pour la présidence. Que n'ont-ils pratiqué métaphoriquement le jet d'ail contre Donald Trump, le sanguinaire ? Face à ses outrances verbales et ses projets qui mettent en danger la démocratie. Ils auraient pu, sans doute, le confondre dans ses égarements avec plus de virulence,  sans s'accorder à son diapason. Tant l'émotionnel y primait sur le rationnel. Pari perdu pour Kamala Harris qui représentait un espoir pour tous les défenseurs du progressisme face à la régression trumpiste. A l'Ouest, outre-Atlantique, l'horizon se couvre de ténèbres. Nosferatu est ressuscité, avide de vengeance et de sang frais . .

 

Mais attention !.. Un train peut en cacher un autre. Ce que vivent aujourd'hui les démocrates américains pourrait être du même tonneau que ce que les Français progressistes risquent d'affronter en 2027. Avec l'élection d'une candidate revancharde malgré sa batterie de casseroles judiciaires, son obsession xénophobe, son tropisme poutinien et son incompétence en matière économique .. D'autant que le système politique français affiche un spectacle de déréliction avancée qui ne peut que mécontenter beaucoup de monde. Le pire n'est jamais sûr mais il y a péril en la demeure . . MB

 

PS: On a beaucoup dit qu'un des ressorts principaux du vote Trump était celui de l'inflation et du pouvoir d'achat. Or, celui-ci a annoncé que sitôt élu il taxerait les importations venues d'Europe de 20 % et celles venant de Chine jusqu'à 60 %. Ce qui ne manquerait pas d'augmenter les prix à la consommation de nombreux biens manufacturés et donc de relancer l'inflation. Allez comprendre..

 

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Le sommeil de la raison engendre des monstres - Max Ernst

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Donald Trump est devenu le diviseur en chef, le rongeur du corps démocratique, le semeur de doute, de mensonges, de confusion, celui qui traite ses adversaires de « vermine », de « cinglés », de « voyous ». Ces outrances n’en sont pas. Elles forment une stratégie, une préparation de sa base à la disqualification de toute parole divergente, de toute opinion contraire. Il n’y a plus qu’un affrontement entre « nous » – comprendre, les vrais patriotes, attachés à l’identité nationale, à l’ordre et aux valeurs traditionnelles, chrétiennes de préférence – et « eux », soit la gauche radicale délurée et laxiste, qui œuvrerait à la fin du rêve américain en le dissolvant dans le wokisme et l’immigration.

 

« Eux », c’est « l’ennemi de l’intérieur », cette expression terrible reprise par Donald Trump pendant la campagne. Il a promis d’être « un dictateur dès le premier jour », et pour ce jour seulement, en cas de victoire. L’Amérique va découvrir, à compter de janvier 2025, dans quelle pénombre ou chaos va la conduire sa tentation autoritaire.

 

Piotr Smolar (Washington, correspondant)

 

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Le billet de Thomas Legrand
Nouvelle victoire de Trump : la vérité, une fiction                         comme une autre

 

La réélection du magnat d’extrême droite aux Etats-Unis consacre la démolition du statut de la vérité dans le débat politique.

 

 

L’un des nombreux messages d’Elon Musk, posté sur X dans la nuit de l’élection, alors que Donald Trump engrangeait les grands électeurs et que le suspens s’estompait, était particulièrement glaçant. Le milliardaire de la Tech, propriétaire de ce réseau social, s’adressait aux utilisateurs de X en ces termes : «You are the media now» («c’est vous le média maintenant»). Une telle déclaration, alors que X et Musk avaient balancé, relayé, boosté sur ce réseau tant de contre-vérités, ces derniers mois, semble vouloir donner un coup de grâce aux médias «mainstream».

En 2016, la pratique politique de Donald Trump avait déjà, première étape, consacré la fragilisation à l’extrême du statut de la vérité, dans le débat public en général et politique en particulier, en popularisant ce vocable de «vérité alternative». Cette formule oxymore, crânement scandée par le candidat populiste, avait choqué tous les journalistes, tous les universitaires, tous les scientifiques, mais aussi les artistes, les romanciers, en définitive, tous ceux dont la «vérité factuelle» ou son autre face évidente et nécessaire – la fiction et l’imaginaire – sont les matières premières, le carburant ou le but de leur activité.

On ne s’invective plus sur l’interprétation des faits partagés

Vérités et fictions claires dans leur définition, chacune essentielle mais bien délimitée, contenues dans leurs domaines complémentaires et comprises de tous : voilà un tableau mental qui vole en éclats, non pas depuis la génération d’Internet à la fin des années 1990 mais depuis la massification des réseaux sociaux à l’orée des années 2010. Le premier étage du dézingage de la vérité comme valeur cardinale du débat public se détache pendant la première campagne présidentielle de Donald Trump : chacun sa vérité et le débat quitte déjà les limites de l’acceptable fixées par Hannah Arendt en 1964 : «La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet de débats.» On s’invective non plus sur l’interprétation des faits partagés, non plus sur ce qu’il faudrait faire pour changer cette réalité (la politique n’est-elle pas l’art de changer la réalité ?) mais on s’insulte en opposant aux arguments des autres de définitifs «fake news !»

Dans cette nouvelle campagne, le deuxième étage de la fusée est lâché : on est passé de l’idée que la vérité est une opinion comme une autre à l’idée que la vérité est une fiction comme une autre. Quand on affirme que chacun a sa vérité, ou quand on accuse l’autre de produire des fake news, c’est que l’on accorde encore quelques crédits à la vérité factuellement ou scientifiquement établie. Si on accuse l’autre de mentir, c’est que l’on considère que la vérité est supérieure au mensonge. Aujourd’hui, avec Donald Trump et ses soutiens, ce n’est plus le cas. La vérité n’importe plus.

Un ressenti crée un fait politique réel

Un exemple : l’affaire des chats et des chiens supposément mangés par les migrants, à Springfield, dans l’Ohio. Il n’était même pas question, quand le candidat républicain a évoqué cette histoire abracadabrantesque, de dire qu’elle était vraie. Donald Trump et ses soutiens n’essayaient pas de convaincre de sa véracité. Il se contentait de la raconter comme une métaphore, un exemple faux mais plausible, une image, une illustration qui exprimait une crainte, un «ressenti». Et un ressenti crée un fait politique réel, par exemple en modifiant des équilibres. C’est la force performative de certains discours populistes, particulièrement efficaces quand ce qui est reproché aux dirigeants politiques, c’est leur impuissance.

Dans la Faiblesse du vrai (Ed. Le Seuil, 2001), la philosophe Myriam Revault d’Allonnes rappelait, après Hobbes, que la raison comme l’opinion produisent ce que l’on appelle des vérités : vérités de raison et vérités d’opinion. Donald Trump, X et tous les populistes numériques d’aujourd’hui ajoutent à la proposition de Hobbes, qui n’a pas eu la chance de connaître les joies d’Internet, la vérité de fiction.

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                                                              Dessin de Louison pour Slate

                                                           Dessin de Lasserpe pour Sud-Ouest Dimanche

                                                                   Dessin d'Urbs pour Sud-Ouest

 

 

                                                                Dessins de Coco pour Libération

                                                                            Dessin de Plantu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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