Remake..
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Si, comme certains, vous aimez revoir de vieux films lors de leur rediffusion, actuellement vous êtes servis. Comme en 1995, 2010, 2014 ou 2019, on peut assister aux mêmes images servant le même scénario. Des manifestations nombreuses organisées par les syndicats dénonçant "l'injustice" d'une énième réforme des retraites jugée "indispensable" par le gouvernement. Avec d'un côté des slogans rageurs assortis de calembours simplistes répondant aux injonctions péremptoires du pouvoir en place. Et sur les plateaux télé des affrontements verbaux sur le sujet où l'anathème se nourrit de chiffres biaisés et de postulats ébouriffés afin d'emporter la mise. Le bal des faux-culs ?..
Voyons un peu. Lors de la campagne de l'élection présidentielle, dans son programme, Emmanuel Macron n'avait pas caché son intention de mener cette réforme en allongeant l'âge de départ à la retraite jusqu'à 65 ans. On ne peut donc pas dire qu'il occultait son projet. Malgré cela, il a été réélu avec 58% des suffrages. Or, nombreux sont ceux qui affirment qu'il le doit au rejet de son immuable adversaire, la matrone du Rrrramassis national. C'est un point de vue mais il est toujours hasardeux d'interpréter la voix des urnes à son avantage. Encore plus celle des abstentionnistes. Même si d'aucuns s'en font une spécialité pour jeter le doute sur la légitimité de leur adversaire. .
Cependant, si les engagements pris lors d'une campagne électorale valent contrat de gouvernance, ils ne peuvent demeurer immuables et ignorants d'une nouvelle donne tenant compte de réelles aspirations populaires. Après la crise du Covid, le rapport au travail a changé. Il n'est plus perçu par beaucoup comme l'unique projet de réalisation personnelle. Sans prôner, comme certain(e)s le droit à la paresse, les Français semblent souhaiter un rééquilibrage vers le "temps choisi". Donc, travailler mieux et pas forcément plus. Pour 30 % d'entre eux, le télétravail sans astreintes a généré une prise de conscience. La baisse du chômage a permis aussi des reconversions imprévisibles..
Dans ce contexte, la perspective de travailler deux ans de plus leur paraît vraiment insupportable. Voir s'éloigner un peu plus ce rêve de temps libre permettant de s'épanouir en oubliant les contraintes imposées par le labeur quotidien est perçu comme un mauvais coup du sort. Certains évoquent la fatigue prévisible à mener leur tâche, même si des dérogations pour les métiers pénibles sont prévues, au cas par cas. Il n'empêche que ce projet semble faire l'unanimité contre lui . .
Or, sur le fond, il s'agit d'une réforme "paramétrique", comme les précédentes, tablant sur un ajustement de la durée du travail afin de garantir la pérennité du système par répartition menacé par la cessation de paiement, compte tenu de la démographie. Dans quelques années, il n'y aurait plus qu'un actif cotisant pour un retraité. Le déficit devant être comblé par l'Etat. Et donc, la dette. . Ce qui, de fait, existe déjà pour les régimes spéciaux SNCF, RATP, EDF, industries gazières et pétrolières, police, armée, contrôleurs aériens etc.. qui ne sont pas les derniers à protester à cor et à cri.
Alors que, dans le projet de réforme, ces régimes dispensatoires sont majoritairement pérennisés, grâce à la fameuse "clause du grand-père" leur permettant de garder leurs avantages jusqu'aux derniers embauchés qui partiront en retraite dans une quarantaine d'années. Seuls les nouveaux entrants se verront appliquer les nouvelles dispositions. On a parfois beau jeu de crier à l'injustice..
Ces dispositions n'entraient justement pas dans la précédente réforme votée puis abandonnée en 2019/2020. Ce projet de réforme "systémique" modifiait de fond en comble le système. Il garantissait le maintien de l'âge de départ en retraite à 62 ans et préconisait de cumuler des points dès les premières heures travaillées au lieu d'attendre un trimestre comme actuellement. . Ce cumul de points établissait un compte individuel donnant droit à une retraite complète passé un certain seuil. Les périodes de chômage et de maladie étant incluses. Les 42 régimes spéciaux étaient définitivement supprimés. Sauf exceptions (pompiers, policiers, égoutiers, marins etc..). Tout le monde était ainsi logé à la même enseigne. De plus, la Cfdt était alors favorable au projet.
On sait ce qu'il advint. Le forcing de la CGT et de Sud pour contester le bien fondé de la réforme mais surtout pour sauvegarder les régimes spéciaux avait donné lieu au scénario habituel des manifestations rituelles. Certaines perturbées par les black blocs s'en donnant à coeur joie. Mais le coup de grâce était venu d'Edouard Philippe, premier ministre, qui avait insisté pour y introduire la mesure d'âge de départ à 64 ans. Déjà. Au lieu de tenir uniquement compte de la durée de cotisation. Bien que votée à l'Assemblée nationale, l'épidémie de Covid avait empêché la poursuite du travail parlementaire et enterré la réforme. Au grand dam des partenaires sociaux réformistes.
Nous voici donc revenus à un scénario à l'ancienne avec les mêmes postures immuables. Un gouvernement qui ne cédera pas et des syndicats inflexibles engagés dans un bras de fer. Faisant fi des non-dits et des arrière pensées. Pas sûr que tout un chacun apprécie ce nouveau remake de La machine à remonter le temps, de Retour vers le futur ou d'Un jour sans fin . . MB
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Les manifs et les grèves se déroulent sur fond de guerre de succession à la CGT, Philippe Martinez ayant décidé de prendre une semi-retraite. Pour lui succéder, il souhaite mettre en piste une femme: Marie Buisson, secrétaire général de la branche Éducation recherche et culture. Une candidature surprise qui défrise les moustaches des bastions CGT de la métallurgie et de l'énergie où règne une "culture misogyne" (dixit Martinez). D'où une certaine surenchère de ces fédérations pour durcir le mouvement avec la menace de coupures de courant ou d'arrêts dans les raffineries. Histoire de montrer ses muscles et de peser sur la désignation future au secrétariat national ?..
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par Serge July, Cofondateur de «Libération» et chroniqueur
Il ne faut jamais prendre les Français pour des débutants en politique. Les mésaventures de cette nouvelle réforme des retraites le prouvent et la démonstration est accablante pour ses promoteurs. D’abord cette réforme est la huitième depuis les années 90 : soit un projet tous les trois-quatre ans. A ce régime-là, même les plus distraits de nos concitoyens ont intégré quelques données de base.
D’ailleurs les Français de 2023 sont avertis à double titre, puisque le président sortant a été réélu malgré son échec à faire passer la fameuse retraite par points. Emmanuel Macron y avait renoncé après un curieux conflit avec son Premier ministre d’alors, Edouard Philippe, un fanatique de l’âge pivot, dont la majoration permet à l’Etat de ramasser un maximum de fric. La passe d’armes entre le Premier ministre et le président de la République a laissé des traces. Le 3 octobre 2019 à Rodez, Emmanuel Macron jugeait en public «hypocrite tout recul de l’âge légal» et il avait récidivé lors d’une conférence de presse en invoquant deux raisons de s’y opposer : «La première, elle est un peu directe, c’est que je me suis engagé à ne pas le faire. […] On a dit “on laisse 62 ans comme âge légal” parce qu’on fait une réforme beaucoup plus large, beaucoup plus profonde, qui est de créer ce nouveau système par points.» Il ajoute : «La deuxième raison… tant qu’on n’a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement ce serait assez hypocrite de décaler l’âge légal.» Edouard Philippe est remercié à l’été 2020. On a envie de dire faites-la enfin cette retraite par points !
Après cet épisode, Emmanuel Macron va se marcher dessus une nouvelle fois. Candidat à sa réélection, il se veut le candidat du départ à la retraite à 65 ans. Il a une bonne raison tactique de changer de réforme : les voix des Républicains sont nécessaires à sa réélection et justement Valérie Pécresse a mis la retraite à 65 ans en tête de son programme. C’était ça ou la retraite élyséenne ? Il a donc arbitré en faveur des 65 ans. A l’époque, il justifie ce choix en prenant un peu de hauteur : la retraite à 65 ans va permettre de financer «les grands chantiers» dont la France a le plus grand besoin. Ce qui est vrai : la santé, l’éducation, la transition écologique… Plusieurs ministres entonnent cette chanson, elle est très vite censurée par Elisabeth Borne : l’objectif, c’est l’équilibre budgétaire du système des retraites en 2030.
Entre-temps, pour ne pas trop effrayer les électeurs de droite, qui eux aussi sont intéressés à titre personnel, l’âge de départ est ramené de 65 à 64 ans. Dès lors la réforme est verrouillée et déclarée non négociable, ce qui complique évidemment la négociation jugée par ailleurs indispensable.
Elisabeth Borne présente la réforme. Mais il y a des zones de flou concernant les femmes, les seniors et les carrières longues. Vendue comme «juste», la réforme se révèle très vite assez injuste pour ces trois catégories. Une palme pour le ministre le plus maladroit, Franck Riester, qui reconnaît que la plupart des femmes seraient victimes de ce passage à 64 ans… L’affaire est mal partie : le gouvernement a préféré un deal avec les parlementaires LR plutôt qu’avec les syndicats réformistes. Résultat, le soutien aux manifestations s’accroît de semaine en semaine, a fortiori dans les petites villes.
Parmi les facteurs qui concourent à l’extension de ce mouvement, plusieurs sont hérités des grandes crises récentes : le Covid et l’inflation. La politique courageuse et salvatrice du «quoi qu’il en coûte» présidentiel a eu une contrepartie : elle a gravé dans l’esprit des Français que, magique ou pas, on trouve toujours de l’argent. Pourquoi ne ferait-on pas appel à ces milliards pour sauver la santé ou les retraites ? D’autant plus, raison aggravante, que le régime des retraites par répartition ne serait pas aussi menacé que le prétend le gouvernement, contredit par le COR dont l’objet est justement d’objectiver la situation réelle du système. Les retraites sont-elles prioritaires ou pas ? Apparemment non. C’est ce que nos concitoyens ont compris de la séquence.
Une autre dimension sociale se révèle avec le cri d’alarme des petites villes, au premier rang des manifestations avec des niveaux de participation exceptionnels. En général, beaucoup d’entre elles ont déjà perdu qui l’hôpital, qui une maternité, un tribunal d’instance, une ou deux usines, un ou deux médecins… Les Français vivent dans la crainte de ces amputations successives, qui transforment la vie en cauchemar, d’autant qu’ils le subissent depuis plus de trente ans. Face à cette angoisse sociale, il faut un exécutif capable d’offrir une vision d’ensemble, une feuille de route, ce qu’il faut impérativement défendre, ce qui sera réinvesti, ce qui sera réduit, à court et à moyen terme et pour quelles raisons. Un tel discours devrait en principe accompagner toutes les réformes. Il était attendu. Il reste indispensable. Mais comble de la maladresse, il a été jugé inutile.
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10.02.23
Rage quit |
Le retour d’Adrien Quatennens dans l’hémicycle de l’Assemblée - pour défendre un amendement dans le cadre des débats sur la réforme des retraites - n’a pas été du goût de toute la Nupes. De nombreux élus ont déploré que ce retour effectué sous les critiques de la majorité relative parasitait le combat de fond de la gauche. Mais Jean-Luc Mélenchon, dont Quatennens était le bras droit et un fidèle, continue de défendre l’élu du Nord, condamné pour violences conjugales. Au terme d’une longue émission sur BFMTV hier soir consacrée à la réforme des retraites, Mélenchon n’a pas accepté d’être interrogé sur ce sujet sensible et a quitté, furibard, le plateau. Auparavant, le leader Insoumis avait accusé les journalistes de BFMTV de «prendre un plaisir malsain à voir souffrir un jeune député», leur reprochant «une jouissance sadique» à montrer les images du député hué par des députés à l'Assemblée lors de sa première intervention dans l'hémicycle. «Ce que vous faites est moralement répugnant, je regrette de vous avoir fait confiance», a fulminé Mélenchon après plus de deux heures d'émission, affirmant que les journalistes avaient voulu «le prendre en défaut». Et d’insister, soulignant que «toute personne condamnée à le droit d'être réhabilitée» : «Qu'est-ce que vous attendez ? De le tuer ? [...] Il est à l'écart, il est chez les non inscrits. Sa punition est suffisante selon moi.» En guise de conclusion, avant de plier bagages, Mélenchon a lâché un dernier : «Maintenant ça suffit, foutez-lui la paix, lâchez-nous !» ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- |
Ah ! Les joyeuses turpitudes retrouvées de la IV° République..
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