Chats-teignes...

  • lepirelon

Cette année, selon le Syndicat des producteurs de marrons et châtaignes du Périgord, les volumes de production seront en nette progression. Seules les dindes ne s'en réjouissent pas. Forcément, Noël approche. A l'Assemblée nationale, c'est aussi la saison des châtaignes. Ou plutôt des chats teignes. Mais aussi des marrons chauds. On vient d'en avoir la preuve lors d'un incident grave causé par une répartie nauséabonde aux relents racistes proférée par un député du Ramassis national à l'égard d'un de ses collègues noir. Chassez le naturel, il revient au galop. Et même au triple galop..

 

Que s'est-il passé ? Jeudi, lors des questions au gouvernement, le député La France insoumise du Val-d’Oise, Carlos Martens Bilongo, un homme noir, s’inquiète du sort d’un bateau de migrants "en situation d’urgence absolue" bloqué en Méditerranée, quand une voix, venant des rangs du RN, forte et distincte, l’interrompt brutalement : "Qu’il(s) retourn(ent) en Afrique !". Un doute subsiste sur ce qu’il a voulu dire. Un grondement ulcéré monte alors de tous les autres bancs. Du haut du perchoir, la présidente de ­l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet flotte un peu, puis se tournant vers les rangs d’extrême droite : "Quel est le député qui vient de prononcer cette phrase ?". Gêne . .

Les uns commencent à rassembler leurs affaires pour sortir, d’autres pointent de l’index le député RN Grégoire de Fournas, auteur des propos : "Dehors ! Dehors !". Dépassée par les députés de tous bords qui s’amassent en bas de l’hémicycle, la présidente suspend la séance en catastrophe. Stop !.

 

"C’est la sidération", "j’ai eu un haut-le-cœur", "ça me rappelle les heures sombres de notre histoire", déclarent des parlementaires tourneboulés. Certains soupirent, d’un air blasé. "C’est le RN, que voulez-vous". "On n’est pas surpris, de la part d’un parti raciste et xénophobe", attaque Guillaume Gouffier-Cha (Renaissance), tandis que sa camarade Marie-Pierre Rixain y voit "tout sauf un dérapage : ils assument…" Une enquête sauvage commence dans les couloirs de l’Assemblée. Qu’a vraiment voulu dire Grégoire de Fournas  ?.. La plupart des députés jurent avoir compris :    "Retourne en Afrique !." ou "Qu’il retourne en Afrique !.", une injure raciste patente visant l’orateur.

 

Celui-ci s'indigne: "Je suis né en France, je suis député français, et je ne pensais pas aujourd’hui qu’à l’Assemblée nationale, j’allais me faire insulter. On m’a insulté moi, et toutes les personnes qui sont en France et qui ont cette couleur de peau". Mais d’autres élus –  en l’occurrence les députés RN  – affirment qu’il fallait entendre "Qu’ils retournent en Afrique !..". C’est-à-dire les migrants bloqués en Méditerranée. "Le fait que l’on dise que les bateaux n’aient pas à traverser l’Atlantique mais à raccompagner en Afrique les migrants qui peuvent être secourus sur la Méditerranée, c’est totalement assumé. Il n’y a rien de nouveau, et il n’y a rien d’extraordinaire à dire ça..", se défend Fournas . .

 

Or, ce député RN du Médoc n'en est pas à sa première saillie xénophobe ou raciste. Suite à l'incident, il s'est dépêché de supprimer des publications compromettantes dans ses réseaux sociaux.    Tels en 2021, Grégoire de Fournas proposait par exemple sur Facebook de "renvoyer les Algériens en Algérie si Marine Le Pen était élue présidente de la République". Plus tôt dans l’année, il proposait encore "d’expulser tous les Maliens de France" en réponse à "l’expulsion de notre ambassadeur au Mali". Rebelotte quelques années auparavant, en 2017. "En Afrique, ils aiment tous la France et ses allocs. On accueille toute l’Afrique ? !", écrivait-il alors. Et cerise sur le gâteau, ce commentaire antisémite de 2017: "Ça va être dégueulasse, on est envahi de cette merde (...) À présent ce sont les juifs qui nous imposent cette détestable présence, ils sont très tranquilles, croyez-moi.." Propos dénués de toute ambigüité qui mettent à mal sa défense biaisée face à sa nouvelle infamie.

 

Néanmoins,  il a écrit un mail à Carlos Martens Bilongo : "Je suis navré de l’incompréhension qu’ont suscité mes propos, déplore la manipulation politique qui a pu en être faite et je regrette si vous avez pu en être blessé". Sur ordre de sa patronne, absente de l'Hémicycle au moment des faits ?.. Malgré cela, Elisabeth Borne a condamné "le racisme [qui] n’a pas sa place dans notre démocratie" et réclame "des sanctions exemplaires". Quant à Emmanuel Macron, il s'est dit "heurté" par les propos "intolérables" lancés jeudi par un député du Rassemblement national et exprime son soutien au député de La France insoumise "insulté". C'est le moins qu'on puisse faire..

 

En tout cas, quelle que soit la réelle teneur des propos du député girondin RN envers son collègue LFI, leur connotation xénophobe met à mal l'entreprise de "dédiabolisation" mise en place depuis des mois par la daronne du Ramassis national. Même cravaté, un crocodile ne peut cacher ses crocs et sa vraie nature de prédateur. Et la dinde repose toujours sur un lit de châtaignes..  MB

 

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Les sanctions n'ont pas tardé à tomber contre Grégoire de Furnas. Le bureau de l'Assemblée nationale lui a infligé deux semaines d'exclusion de la vie parlementaire assortie d'une ponction de 50 % de son indemnité. Mais c'est au sein de son parti que la punition est la plus sévère. Lui qui était pressenti pour devenir son porte-parole après l'intronisation de Jordan Bardella à la tête du Ramassis national, ses espoirs se sont envolés. Il n'apparaît plus dans aucune instance dirigeante du RN . .

 

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Le billet de Jonathan Bouchet-Petersen
«Qu’il(s) retourne(nt) en Afrique» :
                          le RN, raciste au singulier comme au pluriel

 

Les propos nauséabonds du député d’extrême droite Grégoire de Fournas sont une énième illustration de la fumisterie selon laquelle le parti d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec le FN d’hier.

Singulier ou pluriel ? Raciste dans tous les cas. On ne saura probablement jamais si le député RN Grégoire de Fournas, qui a balancé jeudi dans l’hémicycle un retentissant et nauséabond «qu’il(s) retourne(nt) en Afrique», s’adressait au député LFI Carlos Martens Bilongo qui avait la parole ou s’il évoquait les migrants à propos desquels son collègue s’exprimait. Le compte rendu de l’Assemblée a retenu le singulier mais celui-ci ne tranche pas le débat sémantique puisqu’il peut concerner le bateau de migrants dont parlait le député LFI.

Pour la Nupes comme pour Renaissance, c’est l’élu qui était visé et leurs membres ont illico demandé que le député RN fasse l’objet de la sanction la plus sévère possible de la part du bureau de l’Assemblée qui doit se réunir en urgence ce vendredi à 14h30 – un appel à un rassemblement devant le Palais-Bourbon a d’ailleurs très vite vu le jour à l’initiative de LFI. Pour le RN, passé en mode gestion de crise, le sujet principal de l’épisode n’est pas la teneur des propos de son député, que personne dans ses rangs n’a condamnés ou même regrettés, mais la «manipulation» à laquelle ceux-ci donneraient lieu. Le parti d’extrême droite, en mode «circulez il n’y a rien à voir», assure que Grégoire de Fournas n’a fait que rappeler ce qui est un des piliers du programme frontiste depuis des lustres.

Sacrée dégueulasserie

Si l’hypothèse 1 s’impose, l’affaire est entendue et le racisme le plus crasse d’un député à l’égard d’un autre élu de la nation, ce qui n’est pas une opinion mais un délit, constituera une tache indélébile – une de plus – pour un parti d’extrême droite rêvant de faire de l’Assemblée la vitrine de sa notabilisation. Si l’hypothèse 2 convainc l’opinion, elle doit quand même servir de piqûre de rappel à tous ceux qui se sont laissés convaincre par la fumisterie selon laquelle le RN d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec le FN d’hier.

Si comme il l’affirme, la sortie du député Grégoire de Fournas – dont les comptes sur les réseaux sociaux regorgent de propos trash qui témoignent d’une obsession à l’égard des Africains immigrés et des noirs en général – portait sur le sort de migrants qui risquent leur vie pour traverser la Méditerranée en quête d’un bout d’avenir, elle témoigne d’une sacrée dégueulasserie. Un refrain de haine dans l’extrême droite digne des années Jean-Marie Le Pen et un fantasme de la submersion migratoire venue d’Afrique qui constitue une bonne part du langage des militants et des petits élus du parti. On est loin d’une «normalisation» qui n’est décidément que de façade et que s’efforce d’incarner le premier cercle de Marine Le Pen. Il y a peu à l’Assemblée, une députée RN avait ainsi déjà affirmé en toute inhumanité que les secours en mer ne devaient pas porter assistance aux migrants dont les embarcations avaient fait naufrage…

Haine xénophobe

Alors que se tient ce week-end le congrès du parti d’extrême droite avec en point d’orgue la succession de Marine Le Pen à sa présidence, l’épisode tombe évidemment mal pour le RN. Lequel, en faisant entrer 89 députés au Palais-Bourbon, pensait n’avoir qu’à surfer sur la vague d’une confortable position d’opposant majeur. Exercice jusque-là plutôt réussi depuis le début de la mandature, même si celle-ci s’était ouverte par les propos nostalgiques de l’Algérie française de son doyen de l’Assemblée, José Gonzalez. En votant les motions de censure déposées par la Nupes, jusqu’à la dernière signée seulement par LFI, en entendant Mélenchon dire qu’il prenait les voix «d’où qu’elles viennent» quand le but est de censurer le gouvernement, le RN a marqué des points. Fort par ailleurs de ses deux vice-présidences de l’Assemblée en faveur desquelles les troupes macronistes avaient voté.

La sortie de son député, membre du parti d’extrême droite depuis une dizaine d’années, vient rappeler à ceux qui l’auraient oublié que la haine xénophobe reste son principal fonds de commerce. Rappelons également que lors des législatives de juin, qui ont vu Grégoire de Fournas devenir député, la candidate de la majorité présidentielle éliminée au premier tour avait appelé à voter blanc au second en refusant de faire barrage avec la Nupes.

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Raciste ? Très raciste ? Un peu raciste ? Xénophobe ? Simple maladresse ? Un improbable débat sémantique agite la sphère politico-médiatique sur la manière de qualifier le député RN Fournas. Un député de droite est allé plus loin que tous ses camarades. «Un facho reste un facho», a ainsi tranché Julien Dive. Et ce «même avec un beau costume tout neuf, une petite cravate bien mise et la raie bien rangée», ajoute l’élu de l’Aisne et soutien de Pradié pour la présidence du parti. On serait tentés de conclure : il faut savoir appeler un faf un faf.

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                                                            Dessin de Visant pour Sud-Ouest

                                                                Dessin d'Urbs pour Sud-Ouest

                                                                  Dessin d'Urbs pour Sud-Ouest

                                                               Il voit la vie en noir et blanc..

                                                                    Mâle à barbe mal barré ?..

                                                                                Faut oser !..

                                                                  Tu ne broies plus du noir ?..

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