Osez Joséphine !..

  • lepirelon

Il a osé ! Emmanuel Macron a décidé de répondre favorablement au souhait des signataires d'une large pétition demandant l'entrée de Joséphine Baker au Panthéon. Aussitôt connue, la décision présidentielle a suscité une polémique non dénuée de mauvaise foi. Certains antimacronistes pavloviens dénoncent une opération de com' malvenue. D'autres font semblant de s'offusquer de la sacralisation de la danseuse aux seins nus. Certains, enfin, s'alarment de ce cadeau empoisonné qui serait fait aux tenants de la culture woke, de l'ethno-différentialisme et du racialisme. Bigre !

 

Plus que l'artiste au talent reconnu mondialement, c'est la résistante et la patriote qui seront honorées. Devenue française par son mariage en 1937, elle n'hésita pas à s'engager contre l'occupant allemand, trois ans plus tard. Profitant de ses tournées à l'étranger et de sa notoriété qui lui ouvrait les portes des ambassades, elle devint agent de renseignement pour les forces de La France Libre. Puis, enrôlée dans l'armée, elle sillonna les théâtres d'opérations militaires les plus risqués, au volant de sa Jeep, pour soutenir le moral des troupes. Loin des feux de la rampe parisiens où continuaient à se produire certain(e)s de ses collègues dont nous tairons les noms, devant des parterres d'officiers de la Wehrmacht ou pire de la SS. "Ach, la guerre, gross malheur !.."

 

Elle a donc agi au péril de sa vie durant ce conflit. Ses états de service lui ont valu après-guerre les médailles de la Résistance et de la Légion d'Honneur à titre militaire. Autres temps, autres moeurs. On pourrait aussi souligner son engagement pour la cause anti-raciste et pour les droits des minorités, ici et ailleurs. Ainsi, en 1963 elle fut la seule femme a prendre la parole au côté de Martin Luther King lors du fameux rassemblement géant pour les Droits civiques où le pasteur lança son célèbre: I have a dream.. ("Je fais le rêve qu'un jour, les fils d'anciens esclaves et les fils de propriétaires d'esclaves seront capables de s'assoir ensemble à la table de la Fraternité.."). Discours mémorable..

 

Rentrée en France, elle voulut mettre en pratique son idéal humaniste et universaliste en adoptant une douzaine d'enfants de toutes nationalités et en les élevant dans une sorte de phalanstère dans son château des Milandes en Dordogne. Y associant les gens du village et tous les visiteurs de passage. Ces qualités humaines illustrent un destin exceptionnel et exemplaire à bien des égards. Si elle est un peu oubliée par les jeunes générations françaises, aux Etats-Unis elle est célébrée par la communauté noire et au-delà comme une femme libre, courageuse, progressiste et militante . . 

 

Qu'importe, après tout, qu'elle ait commencé sa carrière artistique en dansant avec une ceinture de bananes. Symbole humiliant pour certains adeptes du post-colonialisme qui ne voient pas la dose de dérision qu'elle y apportait en dévoyant sa prestation par une attitude clownesque. Mettant ainsi certains des spectateurs mal à l'aise face à leurs représentations de la négritude. Néanmoins, malgré ceux-là, le public en fit une superstar du music-hall, de la mode et du cinéma. Les plus grands artistes de l'époque (peintres, écrivains) l'ont adoubée et célébrée avec talent. .

 

Elle qui chantait: "J'ai deux amours, mon pays et Paris.." mérite donc bien la reconnaissance nationale pour celle qui s'affirma plus française que bien de ses détracteurs. Osez Joséphine !.. MB

 

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                                                                       "La Vénus noire.."

 

 

 

                                                                      Affiches de Paul Colin

 

 

                                                                  Panneau de Jean Dunand

 

                                                                   Tableau de Van Dongen

                                                               Aquarelle d'Olivia de Berardinis

 

 

                                 Durant la guerre, en uniforme de lieutenant de l'Armée de l'Air

                                                               28 août 1963 - Washington D.C

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