M le maudit..

  • lepirelon

 

Il ne manquait plus que lui !..  Voilà t'y pas qu'en pleine actualité américaine, en pleine recrudescence du Covid, en pleine série d'attentats terroristes, en pleine crise économique et sociale, Jean-Luc Mélenchon s'invite à la Une pour annoncer candidement sa candidature à l'élection présidentielle de 2022. .  Tu parles d'un scoop ! Comme si il y avait urgence à cela: à rassurer le bon peuple en passant par la lucarne: "Coucou, c'est moi ! Vous me connaissez ? N'ayez plus peur ! Je suis là ! La VI° République c'est moi ! Je suis la solution à tous vos malheurs dus à l'horrible Macron et à sa clique d'incompétents !.."

 

Justifiant sa démarche, il a déclaré: "Oui je suis prêt. Je propose ma candidature. J’ai un programme, une équipe prête à gouverner. 2022, c’est le moment de changer. La société est en impasse. Nous avons les moyens d’innover, de faire différemment, d’abolir la monarchie présidentielle. Je suis un pôle de stabilité". Et, se faisant plus lyrique : "Quand tout va mal et que ça semble être nuit noire, il faut allumer une lumière pour qu’on se dise qu’il y a un bout du tunnel". Métaphore banale mais plus sensée que: "Nous sommes au bord du gouffre et nous devons faire un grand pas en avant..".

 

Pourquoi tant de hâte ? Alors que les Français ont d'autres chats à fouetter en ce moment ? Est-ce la réussite de Joe Biden à la troisième tentative pour être élu président, malgré son âge avancé ? Est-ce pour réagir à la tentative de retour dans la fosse aux lions de Manuel Valls et d'Arnaud Montebourg ? Ces ex-jeunes quinquas qui n'ont pas renoncé à se croire indispensables au bonheur national brut français.. Ou est-ce pour étouffer toute concurrence interne chez les Z'insoumis ? Comme celle de François Ruffin qui n'a jamais caché vouloir tenter, lui aussi, d'être calife un jour ?..  Ou celle de Clémentine Autain qui se verrait bien en Kamala Harris, version Rosie la riveteuse ?..

 

Face à cette concurrence et ne voulant pas apparaitre comme un autocrate, le Lider Maximo propose de soumettre sa candidature à une "investiture populaire" de 150 000 signatures cliquées sur un site dédié. Cela ne devrait pas être trop difficile de sauver les apparences. Défense de rire !..

 

Quant au programme, il existe déjà: c'est celui de 2017 "L'Avenir en commun" actualisé par quelques rajouts ou coupes. Une question en passant: Y maintiendra t-on le projet de rejoindre l'Alliance Bolivarienne aux côtés de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua, îlots de prospérité et de démocratie,  en lieu et place de l'Otan ?.. Nos diplomates devront réviser dare-dare leur espagnol.  Et relire Cent ans de solitude et L'automne du patriarche de Gabriel Garcia Marquez pour s'insérer.

 

Pour le reste, les thématiques sont: la planification écologique, le changement institutionnel, la création de nouveaux droits et protections pour les citoyens. Ou encore le combat laïque et républicain, comme JLM l’a développé dans son discours du 21/09 sur la "créolisation de la société" :   "Ti' punch à gogo ?.. C'est bon pour le moral !.."

 

Il lui faudra beaucoup de persuasion pour imposer ce programme pas commun au reste du camp progressiste. Chacun prône l'unité mais pas sous sa houlette. Déjà, il refuse toute collusion avec le PS: trop de vieilles rancoeurs accumulées. Olivier Faure a déjà envisagé de se ranger derrière un candidat EELV. Au grand dam de nombreux militants. Chez les Verts, on n'est pas dupe des clins d'oeil aguicheurs du grand méchant loup LFI qui voudrait n'en faire qu'une bouchée. Mais ils sont déterminés à tenter leur chance en solitaire. Et trop occupés à départager leurs candidats antagonistes: Eric Piolle et Yannick Jadot. L'un soluble dans la gauche, l'autre macron-compatible  ?..

 

Côté communistes, on assure vouloir jouer la carte de l'union mais ce qui préoccupe vraiment n'est pas la présidentielle. Ce sont les élections législatives qui suivront. Comment obtenir des soutiens garantis pour maintenir en vie le groupe des députés communistes à l'Assemblée nationale ?..  Néanmoins, l'un d'eux l'assure: "Je ne vois pas ce qu’on irait faire avec Mélenchon !..". Dilemme..

 

Difficile, dans ces conditions, pour JLM d'apparaitre comme "un pôle de stabilité" rassembleur. D'autant que sa personnalité reste clivante. Combien de fois n'a t-il pas critiqué - voire invectivé - ses partenaires potentiels ? Sans parler de la dégradation de son image depuis la séquence grand guignolesque de la perquisition au siège de La France insoumise avec ses répliques cultissimes:      "La République c'est moi !.." et "Ma personne est sacrée !..". En 2022: "Ma personne est sucrée !" ?..

 

A la suite d'un troisième échec prévisible sauf par lui, le surnommera t-on: "M le maudit" ?..  MB

 

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"Victime de son tempérament et de ses impasses stratégiques, Jean-Luc Mélenchon est devenu son pire ennemi". 

Le chef de file de La France insoumise a déclaré dimanche être candidat à la présidentielle 2022. Rien ne garantit que cette troisième tentative soit « la bonne », estime dans sa chronique l’éditorialiste au « Monde » Françoise Fressoz:

 

 Toute une mythologie entoure l’élection présidentielle française venue couronner, dans le passé, d’opiniâtres courses de fond. François Mitterrand n’a réussi à se faire élire président de la République qu’à la troisième tentative. Entre son premier échec en 1965 face à Charles de Gaulle et sa victoire en 1981 contre Valéry Giscard d’Estaing, il s’est écoulé seize longues années au cours desquelles l’homme, tour à tour haï et adulé, n’a cessé de ferrailler pour s’imposer comme le leader de l’opposition.

 

Successivement battu à la présidentielle de 1981 puis de 1988, Jacques Chirac a connu le même parcours en dents de scie. Il n’est parvenu à ses fins que sept ans plus tard en 1995 malgré son handicap face à Edouard Balladur « l’ami de trente ans ». A lui aussi, le chiffre trois a fini par porter chance. Est-ce à ces deux exemples que Jean-Luc Mélenchon se raccroche aujourd’hui ? A 69 ans, le chef de file de La France insoumise (LFI) vient d’annoncer sa troisième candidature à l’élection présidentielle sous réserve d’avoir obtenu 150 000 parrainages.

 

Avant de se déclarer, il a mis en balance l’épreuve que représente, à son âge, une telle compétition et mesuré l’ampleur de la déconvenue en cas d’échec. Car, en réalité, rien ne garantit que la troisième fois sera la bonne. Aux deux réussites citées précédemment s’opposent les trois échecs successifs de François Bayrou : candidat malheureux à la magistrature suprême en 2002, 2007 et 2012, le centriste a dû admettre, cinq ans plus tard, qu’un autre que lui l’avait supplanté pour incarner ses idées. A 39 ans, Emmanuel Macron lui a soufflé la vedette. Il n’était pourtant ni un proche ni un affidé.

 

Fidélité à ses valeurs

 

L’obstination de Jean-Luc Mélenchon à vouloir s’imposer comme l’opposant numéro un au président sortant, sa prétention à penser que lui seul peut le battre intriguent. Non que le député des Bouches-du-Rhône soit dénué de talents. Pétri d’histoire, capable de longues et savantes déclamations, respectueux de la langue française, amoureux de sa richesse, il est l’un des derniers orateurs d’une République en voie d’assèchement technocratique.

 

A son actif aussi, une certaine fidélité à ses valeurs qui contraste avec le caractère plus erratique de son parcours politique. De l’OCI, organisation trotskiste dans laquelle il a fait ses premières armes, à LFI, son parti actuel, en passant par le Parti socialiste auquel il a appartenu trente-deux ans et au Parti de gauche qu’il a fondé en 2009, il s’est toujours proclamé « antilibéral » et « anticapitaliste ».

 

Enfin nul ne peut lui faire grief d’être à la traîne de ce qui constitue aujourd’hui le logiciel de la gauche d’opposition. Dès sa première candidature à l’élection présidentielle de 2012, alors qu’il flirtait encore avec le Parti communiste, Jean-Luc Mélenchon appelait ses affidés à défendre un projet écologique et social à visée humaniste et à tendance décroissante, étant entendu que l’écologie et le capitalisme resteraient, à ses yeux, à jamais incompatibles.

 

La VIe République, le partage des richesses, la planification écologique et la sortie des traités européens qu’il a mis en avant durant sa campagne de 2017 constituent aujourd’hui encore l’armature d’un projet vers lequel l’extrême gauche, les communistes, les écologistes et une partie des socialistes peuvent converger. Un sondage IFOP pour Le JDD paru début octobre pour tenter d’évaluer la position actuelle des différents prétendants à la prochaine présidentielle le place en tête du camp de gauche. Il y devance la socialiste Anne Hidalgo et l’écologiste Yannick Jadot mais avec un score qui ne dépasse pas 11 % des suffrages exprimés, loin des 19,6 % qu’il avait obtenus au premier tour du scrutin de 2017.

 

Méthodes autoritaires

 

C’est qu’au fil du quinquennat Macron Jean-Luc Mélenchon a non seulement essuyé des revers, mais abîmé son image. Il n’est pas devenu le héraut du mouvement social et n’a pas détrôné Marine Le Pen dans sa position de première opposante. Pire, un doute s’est insinué sur sa personnalité versatile et pour tout dire double. Victime de son tempérament volcanique et de ses impasses stratégiques, l’« insoumis » a fini par devenir son pire ennemi.

Tour à tour vindicatif et adouci, il a oscillé, selon les circonstances, entre un populisme virulent et une intégration assumée dans le système. La première démarche était conçue pour contrer la présidente du Rassemblement national, la deuxième était destinée à ne pas perdre complètement la gauche gouvernementale. La combinaison des deux a fini par produire un court-circuit.

 

Que vaut aujourd’hui sa charge contre la "monarchie présidentielle" quand lui-même ose proclamer « la République c’est moi ! », en tentant de s’opposer aux perquisitions menées à son domicile et au siège de son mouvement en octobre 2018 ? Comment croire à sa volonté de rendre le pouvoir au peuple quand une partie de ses troupes l’ont quitté en dénonçant ses méthodes autoritaires ? Quel crédit accorder à son engagement laïque, naguère indissociable de sa proclamation républicaine, lorsqu’il défile le 10 novembre 2019, aux côtés du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), aujourd’hui désigné comme une « officine islamiste » par le gouvernement ?

 

Au soir du premier tour de la présidentielle de 2017, vaincu par Emmanuel Macron mais fort de sa quatrième place, Jean-Luc Mélenchon aurait pu prétendre conduire les législatives à la tête d’un front de gauche. Vindicatif à l’égard du système, il n’a pas fait ce choix.

 

Aujourd’hui, la somme de ses handicaps est telle qu’une hypothèse ne peut être exclue : s’il se présente, ce n’est pas pour gagner mais pour terminer le travail auquel il s’est attelé en 2008 lorsqu’il a claqué la porte du PS. Il veut fermer la boutique en achevant le dernier carré des "éléphants". Tant que lui sera dans le paysage, aucun d’entre eux ne pourra prétendre rassembler la gauche.

 

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                                                                    2022: Le bout du tunnel ?..

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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