Y'a d'la rumba dans l'air !..
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Comme un air de déjà vu ! C'est l'impression qui ressort de cette première journée de mobilisation contre le projet de réforme des retraites. Allait-on revivre les grandes heures de la grève de 1995 ? En apparence, oui. Mobilisation importante, cortèges bien ordonnés, slogans éprouvés mêlant revendications et caricatures poussées à l'extrême du graveleux pour certaines. Tout concourait à se retrouver en territoire connu avec ses codes et ses coutumes labellisées. Un scénario familier réconfortant pour les protestataires en mal de reconnaissance empreinte de nostalgie. Qui n'est plus ce qu'elle était depuis des lustres.
Tout le contraire des interminables cohortes rituelles des "gilets jaunes" qui défilaient depuis un an dans une ambiance foutraque. Laissant les extrémistes de tous bords dénaturer leur mouvement et rendant inaudibles certaines de leurs revendications où s'exprimait surtout un mal-être. Une prise en compte de leur désarroi face aux réalités du "nouveau monde". Et surtout un refus de la démocratie représentative et une aversion pour les "élites" dirigeantes, focalisée sur la figure tutélaire du président Macron. Tout en attendant tout de lui pour régler leurs problèmes personnels. Révélant ainsi la tentation d'un pouvoir autoritaire qui instituerait une démocrature infantilisante.
Point de tout cela dans les manifestations du 5 décembre. Le "peuple de gauche" majoritairement retrouvait ses marques. Le mouvement était bien encadré par les services d'ordre des syndicats. On pouvait y exprimer ce mélange bien connu d'ambiance revendicative mais aussi festive. La musique des sound-system se mêlait aux effluves des stands de merguez-frites. On était en terrain connu. Les bons vieux slogans vintage inusables pouvaient s'épanouir: "Macron, ta réforme si tu savais où on se la met !.. Au cul, au cul, aucune hésitation !..". A vrai dire, on aurait pu y entendre aussi la ritournelle: "Tu cherches des morceaux d'hier, Pépère, dans les gravats d'avant-guerre !". Comme dans la chanson d'Alain Souchon: Y'a d'la rumba dans l'air !.."
Sérieusement, à quoi a t-on assisté ? Un défilé monstre contre un projet de réforme dont le texte n'est pas encore paru. On en connait, néanmoins, les grandes lignes de force. La principale est d'instituer un système unique de retraites. Mettant fin aux quarante-deux "régimes spéciaux" issus, justement, de l'avant-guerre de 39/45. Leurs bénéficiaires (RATP, SNCF, EDF, entre autres) ne s'y sont pas laissés tromper et ont décrété la grève générale reconductible. Le cheminot assis dans la cabine climatisée du TGV qu'il conduit veut conserver les mêmes avantages que les alter egos de Gabin et Carette transpirant aux manettes de "La bête humaine". L'anthracose et la pneumoconiose les condamnant à succomber avant d'atteindre la soixantaine. Notre parentèle en témoigne.
Il s'agit, bien sûr, d'instituer un rapport de force avec le gouvernement en vue des négociations qui vont suivre. Ce dernier ayant eu intérêt à souffler le chaud et le froid lors de la phase de concertation avec les syndicats et le délégué à la réforme qui a duré un an et occasionné une vingtaine de rencontres. Bousculés par leur base, les plus récalcitrants (CGT, FO, SUD) mettent en cause le principe même de la retraite à points et espèrent se refaire une santé à cette occasion. La Cfdt, inspiratrice du projet, l'avalise mais fixe des limites à ne pas franchir (âge-pivot, durée de cotisation).
Outre l'aspect stratégique, ce qui parait inquiétant est un nouvel état d'esprit des manifestants qui, tels les "gilets jaunes", semblent s'abandonner à une colère stérile s'alimentant de présupposés, de soupçons irréalistes nourris de fantasmes, d'exagérations ou de faux-semblants. Bien plus graves que la traditionnelle mauvaise foi de ce genre de situation qui ne prend en compte qu'une partie de la réalité pour en faire une généralité. Alignant les syllogismes, les contresens et les à-peu-près.
Autre symptôme récurrent: le fait de déconsidérer le discours de l'interlocuteur en lui prêtant de sombres arrières pensées. Et de pratiquer un double langage en l'accusant d'enfumage. Ou pire encore: de lui dénier le droit de s'exprimer en considérant sa position comme illégitime et sa parole comme "nulle et non avenue". Le faire taire irrévocablement et laisser place à son monologue.
Si ces dévoiements devaient persister ou se généraliser, on pourrait, à juste titre, s'inquiéter pour l'avenir de notre démocratie sociale et de sa faculté à entretenir le dialogue nécessaire à toute évolution positive. L'émotionnel ne doit pas prendre le pas sur le rationnel, comme on le voit dans des pays voisins qui ont rompu les digues du débat constructif et où les opinions sont irréconciliables.
La colère est mauvaise conseillère. Il ne faut pas l'attiser. Elle peut déboucher sur la haine. Certains apprentis sorciers s'y emploient en toute connaissance de cause. Escomptant un bénéfice futur. Signifions leur fermement: "J'te suis pas dans cette galère !.." MB
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Une fois encore, Jean-Luc Mélenchon s'est distingué par une déclaration intempestive. Après avoir accusé le préfet de police de Paris, Didier Lallemant, d'employer "des méthodes de psychopathe", sujet qui lui semble familier, il a déclaré, en marge de la manif marseillaise: “Même madame Le Pen dit qu’il faut manifester, c’est un grand progrès, d’habitude elle passe son temps à chercher pouilles aux Arabes et aux musulmans”. Ajoutant: “Elle est en train de faire un progrès en quelque sorte en direction de l’humanisme, je ne vais quand même pas me plaindre de ça”. Il avait également fait savoir que les adhérents du RN étaient “les bienvenus” dans la manifestation, “car aujourd’hui ils viennent en tenue de cheminot, de gazier, d’électricien...”. Inutile de préciser que ces déclarations ont provoqué un certain émoi à droite comme à gauche. Une certaine confusion des genres qui a réveillé chez certains le soupçon de convergences et d'axe "rouge-brun". Non content d'avoir voulu récupérer "les fâchés", JLM ne semble plus s'émouvoir de côtoyer les fachos. Par ici la sottie !.
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